Dans le Golfe, les banques françaises se font une place au soleil

 
 
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Les Emirates Towers à Dubaï (Photo : Rabih Moghrabi)

[08/04/2008 10:14:15] MANAMA (AFP) Lentement mais sûrement, les banques françaises gagnent du terrain face aux anglo-saxonnes dans les pays du Golfe où l’ancienneté de leur implantation et leur expertise dans certains métiers, comme le financement d’actifs, commencent à payer.

“Aujourd’hui, dans le portefeuille des grandes entreprises et institutions financières de la région, vous trouvez de plus en plus souvent une banque française, aux côtés d’HSBC ou de Standard Chartered, de Citi ou JPMorgan”, relève Amr Alkabbani, responsable de Calyon Gulf (groupe Crédit Agricole).

Pour ce Saoudien qui a travaillé pendant 18 ans à la Banque Saudi Fransi, coentreprise dont Calyon détient 31%, “la France a une carte à jouer” dans cette zone qui est aujourd’hui un “relais de croissance très important pour tous les grands groupes financiers”.

D’après lui, l’ancienneté de leur implantation — 60 ans pour Calyon, plus de 35 ans pour BNP Paribas, Société Générale y étant peu présente — joue en leur faveur. Face aux banques américaines, parfois surnommées les “fair weather banks” (“les banques des bons jours”) en référence à leur présence en pointillé, “nous avons l’avantage, auprès de nos clients, d’avoir été là pendant les bons et les mauvais jours”, assure M. Alkabbani.

En outre, la France est bien vue des autorités locales, en raison de ses “liens privilégiés avec les pays arabes”, mais aussi de la “qualité de ses produits, et pas seulement dans le luxe: c’est vrai pour la haute technologie et la haute finance”, souligne Christophe Mariot, responsable de la ligne ECEP (Energy, Commodity, Export, Project Finance) pour BNP Paribas dans le Golfe.

Côté BNP Paribas, la continuité s’incarne dans la personne de son directeur général dans le Golfe, Jean-Christophe Durand, un ancien d’Indosuez, qui est installé à Bahreïn depuis plus de 15 ans et est marié à une Arabe.

C’est lui qui a développé la “plateforme” qui opère, depuis Bahreïn, dans les Emirats arabes unis, au Qatar, au Koweït et en Arabie saoudite.

A côté d’HSBC Bank Middle East Bank, l’ex-British Bank of the Middle-East, qui emploie près de 8.000 personnes dans le Conseil de coopération du Golfe (CCG), BNP Paribas et Calyon font figure de nains, avec des effectifs respectifs de 580 et 110 personnes.

Mais la britannique exerce principalement des activités de carte de crédit, très consommatrices de personnel. Toutes les banques refusant de communiquer leur chiffre d’affaires régional, la comparaison entre elles est malaisée.

BNP Paribas se contente d’indiquer que ses revenus ont progressé de 35% par an ces trois dernières années.

A la différence de Calyon, spécialisée dans les grandes entreprises, BNP Paribas sert aussi la clientèle de PME. Son réseau de sept agences a réalisé en 2007 un produit net bancaire de quelque 150 millions d’euros.

Les deux banques tirent plus de la moitié de leurs revenus des activités de “fixed income” (produits de taux et de change).

Selon la banque de données financières Dialogic, BNP Paribas se classe en quatrième position (derrière HSBC, Citigroup et Morgan Stanley) sur le marché des émissions obligataires par le montant placé (7 milliards de dollars depuis 2000).

Calyon n’est pas en reste; elle a finalisé par exemple, à la mi-mars, une émission obligataire “soukouk” (conforme aux préceptes islamiques) de 350 millions de dollars pour le compte du ministère des Finances bahreïni.

Côté financement, la demande est très forte également. En 2007, BNP Paribas a participé au financement d’une quinzaine de projets, comme la rénovation de la raffinerie de Bahrain Petroleum (BAPCO), la plus vieille du Golfe, pour un milliard de dollars.

En 2006, les grands projets incluaient le financement de méthaniers pour la compagnie qatarie Nakilat (bien: Nakilat) pour 4,3 milliards de dollars et d’un centre pétrochimique en Arabie saoudite pour 5 milliards de dollars.

 08/04/2008 10:14:15 – © 2008 AFP