[08/04/2008 16:32:01] WASHINGTON (AFP) Le Fonds monétaire international (FMI) a fait mardi une analyse, inhabituellement sévère et précise, de la crise actuelle, qualifiée “d’échec collectif”, dont le coût pourrait s’élever jusqu’à 945 milliards de dollars pour le système financier international. “Nous devons tous faire preuve d’un peu d’humilité”, a estimé Jaime Caruana, directeur du département des marchés monétaires et de capitaux du FMI, lors d’une conférence de presse. “Il y a eu un échec collectif pour apprécier l’ampleur de l’effet de levier (recours à l’endettement) au sein du système et les risques de dénouement désordonné qui en découlent”, a-t-il relevé. Dans son rapport semestriel, le service du Fonds chargé de la surveillance des marchés a chiffré à 565 milliards de dollars les pertes potentielles des banques et autres institutions financières dues à la crise du crédit hypothécaire à risque (“subprime”), une estimation qui monte à 945 milliards de dollars si on y ajoute d’autres catégories de prêts connexes. “La crise a dépassé les confins du marché américain du +subprime+, pour toucher concrètement les principaux marchés de l’immobilier d’entreprise et résidentiel, le crédit à la consommation et le crédit aux entreprises”, a expliqué le FMI, à quelques jours de son assemblée de printemps. C’est la première fois que l’institution financière internationale livre officiellement une estimation chiffrée des pertes financières globale dues à la crise du crédit, née aux Etats-Unis. Mi-février, le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, avait simplement fait état d’estimations du FMI les évaluant à 400 milliards de dollars. C’est ce chiffre qui ressort aujourd’hui actualisé à 565 milliards de dollars, a-t-on appris de source proche de l’institution. Le montant de 945 milliards inclut “d’autres catégories de prêts et de titres initiés ou émis aux Etats-Unis et se rapportant à l’immobilier commercial et au crédit à la consommation et aux entreprises”.
Ce rapport, particulièrement critique à l’égard de Wall Street, sonne comme une réponse aux soupçons d’impartialité dont l’institution a été l’objet. Lors de sa dernière assemblée, en octobre, plusieurs pays émergents avaient reproché au Fonds, dominé par les pays riches, de n’avoir pas su anticiper la crise, parce que née aux Etats-Unis, et d’en traiter les effets avec complaisance. “Le Fonds n’a pas eu grand chose à dire de constructif sur cette crise et a été très prudent dans ses recommandations et justifie cette prudence en arguant du caractère inédit des problèmes”, avait notamment jugé le ministre des Finances brésilien, Guido Mantega. Mi-décembre, le nouveau directeur général de l’institution, Dominique Strauss-Kahn, avait annoncé une reprise en main du dossier: “les événements survenus récemment sur le marché du crédit des pays développés ont montré que la stabilité financière nationale et internationale ne devait pas être considérée comme acquise”, expliquait alors le FMI dans un nouveau programme de travail, dont l’échéance correspond précisément à l’assemblée de printemps. Revenu à son rôle de gendarme, le Fonds dénonce en rafale “prise de risque excessive” et “manque de rigueur” au sein d'”institutions faiblement capitalisées” et va jusqu’à recommander une réforme du mode de rémunération des cadres impliqués dans la gestion des produits à risques. Pour contenir la crise, le FMI prône davantage de “convergence” dans les actions entreprises par les banques centrales, une transparence maximale des banques s’agissant de leur exposition, plus de supervision et une réforme des agences de notation. Il reconnaît aussi la nécessité de nouvelles injections de capitaux de la part des fonds souverains mis en place par les états d’Asie ou du Golfe pour recycler leurs abondantes liquidités. |
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