Eurotunnel bénéficiaire pour la première fois depuis sa création

Le PDG du groupe Eurotunnel Jacques Gounon lors d’une conférence de presse, le 8 avril 2008 à Paris (Photo : Bertrand Guay)

[08/04/2008 16:31:57] PARIS (AFP) Eurotunnel a confirmé son redressement en 2007 en dégageant un léger bénéfice, le premier de son histoire après des années de déboires, et prévoit de faire mieux cette année, et même de verser en 2009 un dividende à des actionnaires longtemps malmenés.

“2007 est clairement une année historique” pour l’exploitant du tunnel sous la Manche, qui “n’avait jamais enregistré de bénéfice net”, s’est réjoui mardi le PDG du groupe Jacques Gounon, en annonçant un profit de 1 million d’euros.

Cela montre selon lui que la restructuration financière finalisée en 2007, qui a permis de faire passer la dette de plus de 9 milliards d’euros à un peu plus de quatre, “est clairement réussie”.

“Le seul vrai problème d’Eurotunnel, c’était sa charge financière, maintenant qu’elle est réduite, il n’y a plus de problème”, a-t-il assuré, ajoutant que le groupe comptait dégager cette année un bénéfice net “supérieur” à 2007.

Du coup, le groupe a confirmé son intention de verser un premier dividende en 2009 à ses 500.000 actionnaires, qui n’ont jamais touché un centime depuis la création de l’entreprise en 1986 et l’entrée en service du tunnel en 1994.

Attirés par ce que l’on présentait alors comme un placement “de père de famille”, des centaines de milliers de petits porteurs –en grande majorité français– avaient acheté des actions Eurotunnel.

Mais le titre a connu au fil des années une chute inexorable, miné par l’endettement astronomique du groupe, pour ne plus valoir que quelques centimes il y a encore quelques mois.

Fin 2007, les actions ont été regroupées pour en augmenter la valeur. Mardi, à la Bourse de Paris, elle a fini à 11,88 euros, en hausse de 5,23%, dans un marché en baisse de 0,65%.

Selon Jacques Gounon, les actionnaires individuels devraient récupérer à terme au moins 26% du capital, via le remboursement en actions de leurs obligations. Lors de la restructuration, ils s’étaient plaints de voir leur part du capital réduite à la portion congrue.

Le PDG a par ailleurs indiqué que la banque américaine Goldman Sachs –via le fonds d’investissement Goldman Sachs Intrastructure Partners– devrait devenir le premier actionnaire d’Eurotunnel avec une part située entre “13 et 15%” en 2011, ce qui permettra de stabiliser le capital, très morcelé.

Le fonds a en effet massivement participé à l’augmentation de capital lancée en février, en acquérant 650 millions d’euros de titres sur 800 proposés.

Si Goldman Sachs conserve ses titres au moins trois ans, ils seront convertis en actions représentant entre 13 et 15% du capital, a expliqué le PDG, ajoutant qu’il était “très favorable” à l’entrée d’un représentant du fonds au conseil d’administration d’Eurotunnel en 2011.

M. Gounon s’est dit “raisonnablement confiant dans le fait d’attirer de nouveaux investisseurs” lors de la deuxième phase de l’augmentation de capital, de 900 millions, que le groupe espère lancer “fin avril-début mai” ou “à la rentrée de septembre” si les conditions de marché sont favorables.

Le groupe a aussi annoncé un chiffre d’affaires trimestriel de près de 188 millions, en hausse de 15% par rapport à 2007, toujours porté par les navettes qui transportent camions et voitures dont le trafic a augmenté de 9 et 6% respectivement.

Le groupe bénéficie aussi du succès des trains Eurostar, qui devraient selon Jacques Gounon annoncer mi-avril des résultats “époustouflants”, boostés par l’ouverture de la ligne à grande vitesse côté anglais fin 2007.