[08/04/2008 18:39:34] NEW YORK (AFP) Désormais solidement installée aux commandes chez la banque d’affaires Bear Stearns, JPMorgan Chase profite de la crise financière pour se propulser à bon compte parmi les premières banques mondiales, mais la fusion passera par des milliers de licenciements. Choisie en urgence mi-mars par la Fed pour sauver Bear Stearns de la faillite, JPMorgan a finalisé mardi sa prise de contrôle, en rachetant 39,5% de son capital par échange d’actions, pour l’équivalent de 9,8 dollars par action Bear Stearns — le tiers du cours de l’action de la banque début mars. JPMorgan avait déjà acquis la semaine dernière sur le marché 8,9% de Bear Stearns, pour 142 millions de dollars. En tenant compte de la dilution entraînée par l’émission des actions nouvelles, JPMorgan détient désormais environ 44,86% de Bear Stearns, selon le calcul de la banque. Elle compte poursuivre ses acquisitions sur le marché, afin de détenir 49,5% de Bear Stearns, consolidant son contrôle du groupe. Elle s’empare ainsi d’une des premières banques d’affaires américaines, y compris son luxueux siège de Manhattan, un gratte-ciel de 45 étages. La banque avait conclu le 16 mars un accord de rachat de Bear Stearns pour l’équivalent de 2 dollars par action, piloté par la Réserve fédérale américaine qui a financé l’opération dans des conditions inhabituelles. Sous les critiques qui lui reprochaient de payer un prix dérisoire et de profiter de la situation, JPMorgan avait le 24 mars quintuplé son offre, à près de 10 dollars par action. La banque centrale américaine a accepté de financer l’opération en fournissant 29 milliards de dollars de liquidités à JPMorgan, en échange de 30 milliards de dollars de titres fournis Bear Stearns. Reste à la charge de JPMorgan le premier milliard de dettes de Bear Stearns. La Fed avait pris les choses en main après voir été avertie le 13 mars que Bear Stearns devait se déclarer en faillite. Mais un feu de critiques, notamment chez les parlementaires, avait entouré le premier accord d’achat à 2 dollars l’action, qui valorisait l’une des plus prestigieuses banques de Wall Street à seulement 200 millions. Début avril, le Sénat a organisé une audition pour demander aux parties de s’expliquer, des rumeurs affirmant que la Fed ou le Trésor avaient demandé que l’offre initiale de 4 dollars de JPMorgan soit ramenée à 2 dollars. Les responsables du Trésor et de la banque centrale ont affirmé qu’ils n’avaient pas cherché à influencer le prix d’achat. Le président de la Fed Ben Bernanke a assuré que la banque centrale “ne souhaitait pas” un prix spécifique, mais qu’elle voulait juste un repreneur solide. Selon une source proche du dossier, la Fed avait Choisi JPMorgan de préférence aux autres banques américaines et étrangères sur les rangs, car elle seule proposait un reprise totale, et non par appartements. La reprise par JPMorgan sera cependant loin d’être une panacée pour les 14.000 salariés de Bear Stearns. Selon la chaîne financière CNBC, JPMorgan pourrait licencier la moitié des effectifs d’ici la fin avril. La banque n’a pour l’instant pas indiqué le nombre de suppressions d’emplois prévues. La dégringolade de Ber Stearns s’est accompagnée de scènes de détresse, où des salariés quittaient leurs bureaux du siège new-yorkais en emportant leurs affaires dans des sacs en plastique. Certains ont même mis aux enchère sur eBay des cadeaux-souvenirs de la banque, datant des années fastes. |
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