USA : la Fed prévoit une contraction de la croissance au 1er semestre

 
 
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Le président de la Fed Ben Bernanke lors d’une audition devant le Sénat américain, le 3 avril 2008 (Photo : Tim Sloan)

[08/04/2008 18:32:31] WASHINGTON (AFP) La banque centrale américaine (Fed) prévoit désormais une contraction de la croissance au premier semestre 2008 aux Etats-Unis, et certains de ses responsables n’excluent pas un repli “sévère et prolongé”, selon les minutes de la réunion du 18 mars publiées mardi.

Les projections de la Fed “ont indiqué une contraction du PIB au premier semestre, suivie par une reprise lente au second semestre”, souligne le très attendu compte-rendu de cette réunion, qui ne donne toutefois pas de chiffres plus précis.

Deux trimestres de contraction du produit intérieur brut (PIB) correspondent à la définition la plus couramment admise de la récession.

Le président de la Fed Ben Bernanke avait déjà estimé la semaine dernière qu’une récession était “possible” aux Etats-Unis, mais c’est la première fois que la première fois que la banque centrale prévoit officiellement un tel scénario.

La situation pourrait même être pire car certains responsables de la Fed “ont estimé qu’un ralentissement prolongé et sévère ne pouvait pas être exclu” compte-tenu “des nouvelles restrictions sur le crédit et de la faiblesse du marché immobilier”, souligne le compte-rendu.

Du côté de l’immobilier tout d’abord, la banque note le “peu de signes” d’un début de stabilisation du marché, alors même que c’est un processus nécessaire pour soutenir la croissance dans les trimestres à venir.

Sur les marchés financiers ensuite, les tensions se sont “nettement intensifiées” depuis janvier et le crédit a continué de se raréfier. Dans ces circonstances, les responsables ont estimé que les marchés financiers étaient “inhabituellement fragiles”.

A cela s’ajoutent la détérioration du marché de l’emploi et le “pessimisme accru” des entreprises.

“Une discussion a eu lieu” pour déterminer s’il y avait des “signes montrant l’existence d’un processus négatif, dans lequel une raréfaction du crédit provoque une détérioration des perspectives économiques qui, à son tour, entraîne une nouvelle raréfaction du crédit”, note le compte-rendu.

La banque centrale table toutefois sur une reprise de l’activité au deuxième semestre et sur un rythme de croissance “un peu au dessus du potentiel” en 2009, grâce aux effets décalés des baisses de taux successivement décidées par la Fed depuis l’été et du vaste plan de relance budgétaire.

La réunion du 18 mars avait débouché sur une baisse de trois-quarts de point du taux directeur, à 2,25%. Mais les responsables de la Fed ont noté que la politique monétaire à elle seule “ne pouvait pas régler les problèmes sous-jacents du marché immobilier et des marchés financiers”.

De plus, compte-tenu des incertitudes entourant les perspectives de croissance et d’inflation, les responsables ont souligné combien il était “difficile” de calibrer correctement la baisse des taux.

Du côté de l’inflation, la banque centrale a également revu ses prévisions, pour les augmenter au premier semestre “en raison des niveaux élevés atteints ces derniers mois”.

L’indice général PCE, celui qui mesure l’inflation lié aux dépenses de consommation, devrait “substantiellement excéder” l’indice de base (hors alimentation et énergie) au premier semestre du fait d’une hausse “beaucoup plus forte que prévu” des prix de l’énergie.

La banque centrale pense toujours que l’inflation va ensuite se calmer en 2009, mais note que là aussi “les incertitudes ont augmenté”.

Ce sont ces incertitudes qui ont incité deux responsables régionaux de la Fed, Charles Plosser et Richard Fisher, à voter contre la baisse des taux, qu’il ont jugé excessive par rapport aux risques d’inflation, note le rapport.

 08/04/2008 18:32:31 – © 2008 AFP