Fin de conflit social chez Miko avec un accord qui “limite la casse”

 
 
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Des employés de Miko manifestent, le 1er mars 2008 à Nancy (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

[08/04/2008 18:49:15] CHAUMONT (AFP) Syndicats et direction de l’usine Cogesal-Miko (Unilever) de Saint-Dizier (Haute-Marne) ont mis fin mardi à trois mois de confit social en signant un protocole d’accord sur la restructuration du site qui, de l’avis des partenaires sociaux, “limite la casse”.

“Les trois syndicats, le CE et la direction ont signé le protocole d’accord. C’est une journée très importante pour l’histoire de l’usine. C’est un plan significatif, un projet important”, a estimé Prakash Patel, directeur de Cogesal-Miko.

“Ce qu’on a obtenu aujourd’hui est sans commune mesure avec ce qu’il y avait au départ. On ne peut pas dire que la victoire est totale, car il y aura quand même des licenciements. Mais on a limité la casse à un haut niveau”, s’est félicité Hervé Mazelin, représentant syndical CGT.

Au total, 180 personnes seront licenciées au lieu des 254 suppressions de postes (sur un total de 493) annoncées le 13 novembre par la direction, a affirmé M. Mazelin, trente postes étant finalement maintenus et 44 autres transformés en temps partiel.

Vingt personnes bénéficieront d’une mesure de départ volontaire, financièrement avantageuse, à laquelle quarante autres sont candidates, tandis que dix personnes ont accepté une mutation dans le groupe, sur 35 postes offerts, a précisé le syndicaliste.

Une entreprise de logistique reprendra également une partie du site Cogesal-Miko, pour 60 embauches d’anciens “Mikos”, d’après Hervé Mazelin.

Le nombre précis des salariés sans solution devrait être connu au cours des semaines à venir, ont précisé des sources syndicales, ajoutant que le protocole d’accord avait été validé mardi soir par le personnel à 230 voix pour et 97 contre (plus quatre bulletins nuls).

“C’est un succès sur toute la ligne. On a sauvé plein d’emplois. Et on a surtout démontré qu’on était capable de faire plier une multinationale”, a commenté Me Ralph Blindauer, avocat du comité d’entreprise (CE) de Cogesal-Miko.

“Cogesal-Miko était le premier plan de restructuration d’Unilever au niveau européen. Ils se sont ramassés en beauté”, a-t-il estimé, ajoutant qu’il se désisterait mercredi “dans les deux procédures” intentées au tribunal de Nanterre (Hauts-de-Seine) par le CE contre Cogesal-Miko.

Après l’annonce du plan social par la direction, une grève sévère avait frappé pendant trois mois l’usine de Saint-Dizier, marquée par la retenue du directeur de site dans son bureau la nuit du 14 au 15 janvier, et sa libération musclée par les forces de l’ordre.

Mi-février, la direction avait en outre annoncé qu’elle suspendait les salaires des grévistes et non-grévistes.

Le 11 mars, une porte-parole d’Unilever France avait qualifié la situation du site de Saint-Dizier de “critique”, alors que des représentants des salariés dénonçaient au Parlement européen à Strasbourg la stratégie européenne du groupe et le plan social frappant leur usine.

“Il n’existe aucune alternative crédible” au projet de “spécialisation et d’investissement” de la direction, estimait alors Unilever France.

Cogesal-Miko a dégagé 22 millions d’euros de bénéfice en 2006, dont environ 10 millions issus de la vente d’une filière surgelée, et 11,5 millions d’euros en 2007, soit 2,5 millions liés à la seule activité du site.

Début septembre, Unilever avait annoncé la suppression de 20.000 emplois dans le monde, dont 10 à 12.000 en Europe.

 08/04/2008 18:49:15 – © 2008 AFP