La facture de gaz des ménages français va encore s’alourdir fin avril

 
 
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Relevé d’un compteur dans un immeuble d’Hérouville-Saint-Clair en 2005 (Photo : Mychèle Daniau)

[09/04/2008 17:05:56] PARIS (AFP) Le gouvernement a proposé une hausse de 5,5% des tarifs du gaz pour les ménages, qui pourrait être effective fin avril, au risque d’alourdir encore leur facture, qui augmenterait de près de 10% en quelques mois, après une précédente majoration en janvier.

Cette hausse des prix du gaz réglementés, c’est-à-dire fixés par l’Etat, risque aussi d’attiser les craintes d’une réduction du pouvoir d’achat, déjà amputé par la hausse des prix des produits agricoles.

Onze millions de Français qui se chauffent au gaz ou utilisent du gaz pour la cuisson par exemple sont concernés par cette mesure.

Quelques semaines après les municipales, les ministères de l’Economie et de l’Energie ont proposé mardi soir une revalorisation des tarifs réglementés “limitée à (…) 5,5% en moyenne pour les particuliers”, ce qui représenterait pour chaque foyer une hausse d’environ 4 euros TTC par mois.

Le gouvernement a soumis un projet d’arrêté en ce sens à la Commission de régulation de l’énergie (CRE), qui doit rendre un avis, purement consultatif, pour que la mesure devienne effective. La CRE a indiqué mercredi qu’elle allait se réunir “dans les prochains jours”.

La majoration pourrait intervenir “avant la fin du mois”, selon Bercy.

Le 1er janvier, ces tarifs avaient augmenté de 4%, majorant la facture de gaz de près de 3 euros par mois.

Il s’agit de compenser “la hausse du coût d’importation du gaz naturel”, explique le gouvernement. Gaz de France importe en effet l’essentiel de son gaz par des contrats de long terme, dont les prix sont indexés sur ceux du pétrole, en pleine flambée.

Une hausse de 5,5% “permettrait de couvrir nos coûts d’approvisionnement”, a affirmé mercredi une porte-parole du groupe public.

Mercredi, les cours du baril de pétrole brut dépassaient les 108 dollars.

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Jean-François Cirelli le 27 février 2008 à Paris (Photo : Patrick Kovarik)

Cette hausse des tarifs n’est pas de nature à calmer les inquiétudes sur le pouvoir d’achat, alors que les inégalités des ménages français face au poids des dépenses d’énergie dans leur budget ont “beaucoup augmenté” depuis cinq ans, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).

La part des dépenses d’énergie dans le revenu des ménages les plus pauvres est passée de 10 à 15% entre 2001 et 2006, note l’Ademe.

Une telle mesure aura des effets “dévastateurs pour le pouvoir d’achat des ménages modestes et moyens”, a estimé mercredi le PS.

Le PS et la CGT-énergie ont jugé cette hausse respectivement “inacceptable” et “injustifiée” au regard des bénéfices de l’entreprise, de 2,5 milliards d’euros en 2007.

Le représentant du géant gazier russe Gazprom en France, Iouri Virobian, a estimé qu’un tel relèvement était “positif pour les nouveaux entrants” sur le marché français, même si en tant que consommateur il “ne peut être que mécontent”.

GDF avait demandé au gouvernement une hausse au 1er avril, mais n’a pas voulu préciser le niveau souhaité, indiquant seulement qu’il était “inférieur à deux chiffres”.

Ces hausses pourraient permettre toutefois à GDF de réduire son manque-à-gagner dû au gel de ces prix de mai 2006 à fin 2007. En février, GDF avait évalué son retard tarifaire à 925 millions d’euros depuis 2004.

Les investisseurs à la Bourse de Paris ont salué ce relèvement des prix. Le titre GDF prenait 1,09% vers 16H10 (14H10 GMT) à 40,77 euros, dans un marché en petite baisse de 0,25%.

Le gouvernement a aussi promis “un cadre pérenne d’évolution” des tarifs, dans le contrat de service public 2008-2010 entre l’Etat et Gaz de France, actuellement en discussion.

Selon le dernier contrat, qui n’a pas été respecté, les tarifs devaient être révisés chaque trimestre.

 09/04/2008 17:05:56 – © 2008 AFP