Banque du Japon : le candidat gouvernemental Shirakawa nommé gouverneur

 
 
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Masaaki Shirakawa le 8 avril 2008 devant la Diète à Tokyo (Photo : Toshifumi Kitamura)

[09/04/2008 08:26:25] TOKYO (AFP) Le parlement japonais a clos mercredi la longue crise de succession à la Banque du Japon (BoJ) en approuvant l’investiture du candidat gouvernemental Masaaki Shirakawa au poste de gouverneur.

Le Sénat, contrôlé par l’opposition de centre-gauche, a voté l’investiture de M. Shirakawa par 231 voix contre 7. Sans surprise, cette investiture a ensuite été approuvée par acclamations à la Chambre des députés, où le parti au pouvoir dispose d’une majorité écrasante.

En revanche, le Sénat a rejeté par 121 voix contre 115 l’investiture du candidat gouvernemental au poste de gouverneur adjoint, l’ancien vice-ministre des Finances chargé des affaires internationales Hiroshi Watanabe.

Masaaki Shirakawa, 58 ans, sera le 30e gouverneur de la Banque du Japon, et aussi un des plus jeunes de l’histoire de l’institut d’émission fondé en 1882. Son mandat est de cinq ans. Sa candidature avait été présentée lundi par le gouvernement conservateur de Yasuo Fukuda après que le Sénat, où l’opposition de centre-gauche est majoritaire, eut bloqué en mars la nomination de deux précédents candidats.

La loi dispose en effet que le gouverneur de la Banque du Japon doit être investi par chacune des deux chambres du parlement. L’opposition disposait donc de facto d’un droit de veto en la matière. Elle reprochait aux deux précédents candidats, Toshiro Muto et Koji Tanami, de manquer d’indépendance à l’égard du pouvoir en raison de leurs passés de vice-ministres des Finances. M. Shirakawa, en revanche, est un banquier central de carrière et un universitaire au profil nettement moins politique.

Masaaki Shirakawa, qui était jusqu’à présent gouverneur adjoint de la BoJ, dirige déjà l’institution par intérim depuis le départ le 19 mars du gouverneur sortant Toshihiko Fukui, dont le mandat a expiré sans qu’aucun successeur n’ait été nommé à temps pour prendre le relais immédiatement. C’était la première fois depuis 1923 que la BoJ se retrouvait sans chef.

La promotion de M. Shirakawa au fauteuil de gouverneur intervient juste à temps pour lui permettre de participer, vendredi à Washington, à la réunion des grands argentiers des pays riches du G7.

Le rejet par le Sénat de M. Watanabe va toutefois obliger le gouvernement à présenter un nouveau candidat au poste de gouverneur adjoint. M. Watanabe est le troisième candidat à cette fonction refusé par la chambre haute. Le Parti démocrate du Japon (PDJ), la principale force d’opposition majoritaire au Sénat, s’est montré divisé quant à M. Watanabe. Trois sénateurs du parti, défiant la consigne de leur direction, ont d’ailleurs voté pour lui.

Certains de dirigeants du PDJ étaient enclins à approuver sa nomination en raison de ses solides compétences internationales (M. Watanabe a dirigé la politique de changes du Japon durant plusieurs années). Mais la direction du parti s’était finalement prononcée contre lui mardi soir. “La principale raison est que le parti s’oppose à la pratique de l’+amakudari+”, avait expliqué le secrétaire général du PDJ, Yukio Hatoyama. L'”amakudari” (littéralement: “descente du ciel”) est une pratique largement répandue au Japon, selon laquelle les hauts fonctionnaires qui prennent leur retraite se voient attribuer de confortables emplois dans le secteur privé, généralement dans le secteur qu’ils étaient auparavant chargés de réguler.

“C’est un résultat très décevant”, s’est plaint le porte-parole du gouvernement, Nobutaka Machimura. “Franchement, je ne comprends pas pourquoi ils ne sont pas d’accord avec la nomination de M. Watanabe qui a une bonne connaissance de la finance internationale, un talent administratif et une personnalité respectée”, a-t-il regretté.

 09/04/2008 08:26:25 – © 2008 AFP