[09/04/2008 15:28:28] AUCKLAND (AFP) Le patron d’Airbus, Tom Enders, a rejeté mercredi la mise en cause de plusieurs responsables d’EADS par l’Autorité des marchés financiers (AMF) dans l’affaire des délits d’initiés, assurant qu’ils étaient innocents. “Je sais que je n’ai rien fait de répréhensible et je peux dire la même chose pour l’ensemble des responsables mis en cause”, a déclaré M. Enders lors d’une conférence de presse à Auckland. Le patron du constructeur automobile Daimler, grand actionnaire d’EADS, a abondé dans ce sens. Les reproches de l’Autorité des marchés financiers (AMF) “sont sans fondement”, a dit Dieter Zetsche lors de l’assemblée générale de l’entreprise. “Nous n’avons à aucun moment été en possession d’informations qui pourraient être à la base d’un délit d’initiés”, a assuré le patron de Daimler. M. Zetsche s’est aussi dit “profondément irrité” de la publication par un site internet du rapport d’enquête de l’AMF, alors que sa société n’a été informée que plus tardivement, mardi soir. Les griefs de l’Autorité des marchés financiers sur des délits d’initiés et une mauvaise communication financière au sein d’EADS visent 17 personnes et ses actionnaires Lagardère et Daimler, selon la synthèse du rapport de l’AMF diffusé mardi par le site d’information Mediapart.
Les 17 personnes sont soupçonnées “d’avoir manqué à l’obligation d’abstention” de vendre des actions au vue des informations privilégiées dont ils disposaient, selon le fac-similé de la synthèse du rapport téléchargeable sur internet. Michel Prada, président de l’AMF, a critiqué cette fuite, la qualifiant de “dévoiement de nos moeurs”, sur la télévision d’information en continu LCI. Se disant “choqué”, il a déclaré ne pas en connaître l’origine et n’a pas fait de commentaire sur le contenu. Sont visés parmi les membres du comité exécutif d’EADS et du comité des actionnaires d’Airbus: Thomas Enders, alors coprésident exécutif d’EADS et aujourd’hui patron d’Airbus, Noël Forgeard, alors coprésident exécutif d’EADS, et Jean-Paul Gut, alors directeur général délégué de EADS. L’enquête de l’AMF porte sur la vente massive d’actions avant l’annonce de nouveaux retards du programme d’avion géant A380, qui avait fait plonger le titre en Bourse. “Je suis absolument convaincu qu’il n’y a rien eu de répréhensible. Nous allons démontrer que ceux qui ont mené l’enquête ne l’ont pas fait de façon compétente”, a ajouté M. Enders.
“Nos noms sont traînés dans la boue…nous sommes une cible facile, nous espérons donc vraiment que ces accusations apparaissent au grand jour et que les responsables (mis en cause) sachent de quoi ils sont accusés, pour que nous puissions nous défendre”, a encore déclaré M. Enders. Le patron d’Airbus a également estimé que la diffusion des accusations était “choquante, c’est inacceptable et nous allons défendre notre réputation et nos droits à la présomption d’innocence par tous les moyens à notre disposition”, a-t-il ajouté. L’AMF a confirmé le 1er avril l’existence de délits d’initié au sein du groupe européen de défense et d’aéronautique EADS fin 2005-début 2006, en annonçant avoir “notifié des griefs” à plusieurs personnes, et a impliqué le groupe EADS en tant que tel pour “manquement aux obligations de bonne information du marché”. Elle n’avait pas cité nommément les personnes concernées. Le gendarme français de la Bourse a indiqué mercredi avoir transmis au parquet et aux personnes mises en cause son rapport d’enquête au sein du groupe européen aéronautique et de défense EADS, leur notifiant ses griefs. “Je vous confirme que l’AMF a transmis au parquet son rapport d’enquête. Elle a aussi notifié aux personnes concernées ses griefs”, a déclaré à l’AFP une porte-parole. Elle confirmait ainsi partiellement un article du quotidien Les Echos paru mercredi, selon lequel l’AMF aurait adressé mardi son rapport au parquet et aux 17 personnes mises en cause. La porte-parole de l’AMF n’a toutefois pas voulu préciser quand elle avait transmis ce rapport, ni combien de personnes étaient mises en cause. |
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