[09/04/2008 17:02:36] MADRID (AFP) Le groupe de BTP espagnol Sacyr Vallehermoso a décidé de mettre un terme à son aventure mouvementée pour tenter de s’emparer du français Eiffage, en annonçant la vente de sa part de 33,32%, mais cette issue restait sujette à caution mercredi car plusieurs incertitudes demeurent. “Sacyr a décidé de mettre fin à la situation concernant Eiffage et de procéder à la vente de toute sa participation”, a assuré l’espagnol dans un communiqué publié par surprise dans la nuit de mardi à mercredi et transmis par l’autorité espagnole des marchés (CNMV). “Les négociations ont abouti”, a assuré Sacyr, qui “va céder toute sa participation à des investisseurs institutionnels français ayant reçu l’agrément d’Eiffage, au prix de 63 euros par action”, soit environ 1,96 milliard d’euros, et des plus-values d’une trentaine de millions d’euros pour l’espagnol. Une telle vente mettrait fin à une guerre de plus de deux ans, qui a largement débordé dans les prétoires. Mais les incertitudes demeuraient nombreuses mercredi. “Aucun accord d’achat n’a été conclu à ce stade”, a déclaré à l’AFP une source proche du dossier à Paris, prenant le contre-pied de l’espagnol. Selon les médias espagnols, les acheteurs de la part détenue par Sacyr sont la Caisse des dépots, CNP assurances, Axa, AGF, BNP Paribas et Groupama. Autre élément troublant, Sacyr affirme que les acheteurs ont reçu l’agrément d’Eiffage, et que le français a donc avalisé la vente. Or, une source proche d’Eiffage a déclaré à l’AFP qu’il “n’y a eu aucune négociation entre Eiffage et Sacyr”.
Enfin, la justice française, qui avait ouvert la porte à une sortie honorable pour toutes les parties le 2 avril, pourrait bien reprendre de la main gauche ce qu’elle a donné de la main droite: un juge d’instruction a bloqué mardi les comptes sur lesquels Sacyr détenait sa part dans Eiffage. Ce juge d’instruction enquête sur de possibles diffusions de fausses nouvelles. Selon l’hebdomadaire Le Point à paraître vendredi, le patron de Sacyr, Luis del Rivero, pourrait être convoqué dans les prochaines semaines pour une éventuelle mise en examen. Sacyr n’était pas immédiatement disponible pour répondre aux questions de l’AFP sur ces points. A la Bourse de Madrid, l’action Sacyr qui avait ouvert en hausse mercredi matin après l’annonce de la vente, a décroché dans l’après-midi et chutait de 5,23% à 21,4 euros dans un marché en bausse de 1,05% vers 16H50 (14H50 GMT). L’éventuelle vente des parts de Sacyr aurait été rendue possible par un jugement de Salomon de la cour d’appel de Paris. Le 2 avril, elle a satisfait Sacyr en ne l’obligeant pas à lancer une OPA sur Eiffage au prix fort comme l’exigeait l’Autorité des marchés financiers (AMF) française. Mais elle a donné raison au groupe français en jugeant non conforme l’offre publique d’échange (OPE) voulue par Sacyr. L’affaire a commencé début 2006 quand Sacyr est devenu premier actionnaire d’Eiffage en achetant sur le marché 33,32% de son capital. Les choses ont dégénéré après l’assemblée générale houleuse d’Eiffage d’avril 2007. Le groupe français a privé certains actionnaires espagnols de leurs droits de vote au motif qu’ils avaient agi de concert avec Sacyr. Une procédure initiée par les Espagnols est actuellement en cours devant le tribunal de commerce de Nanterre sur ce sujet. Dès le lendemain, Sacyr annonçait une OPE de 6,5 milliards d’euros sur Eiffage, qui a demandé à ce que ce soit une OPA, et a obtenu le soutien de l’AMF. Une perspective coûteuse et inquiétante pour Sacyr, déjà fortement endetté (19,726 milliards d’euros à fin 2007) qui avait alors saisi la cour d’appel de Paris. |
||||
|