[09/04/2008 17:34:12] WASHINGTON (AFP) Les Etats-Unis, ébranlés par leur pire crise financière depuis le grand krach de 1929, vont connaître cette année “une légère récession”, qui va peser sur la croissance mondiale, ramenée à 3,7%, a jugé mercredi le Fonds monétaire international. C’est la première fois que le FMI, qui tient en fin de semaine son assemblée de printemps, évoque cette possibilité d’une entrée en récession de la première économie de la planète, sous l’effet de la crise du “subprime”. Le FMI évalue en outre à 25% “la probabilité d’un ralentissement de la croissance mondiale à 3% ou moins en 2008 et en 2009”, ce qui se traduirait par une crise dans nombre de pays. Le FMI table encore toutefois sur une progression de 3,8% pour 2009, environ un demi-point de moins qu’en janvier. “Le plus grand risque tient à la possibilité que les tensions financières s’aggravent”, a expliqué Simon Johnson, économiste en chef du fonds, au cours d’une conférence de presse. “Une spirale négative ou un phénomène de +décélérateur financier+ demeurent une possibilité”, a-t-il souligné. Mardi, le FMI a chiffré à 945 milliards de dollars le coût potentiel de la crise pour le système financier international, dont 565 milliards liés à l’exposition des banques aux prêts immobiliers à risque. L’expansion du PIB américain devrait s’élever à seulement 0,5% en 2008, “avant de se redresser modestement” à 0,6% en 2009, juge le Fonds qui a abaissé d’environ un point de pourcentage ses dernières prévisions. La première économie du monde ne devrait pas renouer avec son potentiel de croissance avant 2010, a ajouté Simon Johnson. “En Europe occidentale, la croissance tombera aussi bien en deçà de son potentiel, sous l’effet des répercussions commerciales, des tensions financières et de du retournement du cycle immobilier dans certains pays”.
S’agissant de la France, le FMI a encore abaissé ses prévisions de croissance, à 1,4% en 2008 contre 1,5% précédemment, et table sur une détérioration pour 2009, mais moins qu’ailleurs en Europe. En zone euro, le Fonds table sur 1,4% de croissance cette année et 1,2% en 2009, soit respectivement 0,2 et 0,7 point de moins qu’attendu en janvier. Les pays émergents, qui continuent à porter l’expansion économique mondiale, “avec la Chine et l’Inde comme moteurs”, ne seront pas épargnés par le ralentissement général. Leur croissance “fléchira modestement” en 2008 et 2009, a indiqué l’institution, en réfutant la théorie d’un “découplage” de l’économie mondiale entre pays riches, en crise, et pays émergents, en pleine forme. La croissance chinoise a été ramenée à 9,3% pour 2008 et 9,5% en 2009 (soit 0,7 et 0,5 point de moins qu’anticipé jusqu’alors), et celle de l’Inde à 7,9% pour 2008 et 8,0% en 2009 (en retrait de 0,5 et 0,2 point). Le Fonds a également mis en garde contre une augmentation des “tensions inflationnistes”, consécutive à la flambée des matières premières, en particulier des denrées alimentaires et du pétrole. Dans les pays avancés, où la croissance est qualifiée d'”anémique”, le Fonds déconseille la rigueur monétaire: il encourage une poursuite de la baisse des taux de la Fed, et juge que “la Banque centrale européenne peut se permettre d’assouplir sa politique”, ce à quoi elle s’est jusqu’alors refusé. Mais cette ligne de défense, ne devrait pas suffire, selon l’institution qui préconise l’utilisation de fonds publics pour consolider l’économie, tant sur le front budgétaire que via des opérations ponctuelles comme le soutien apporté par la Fed au rachat de Bear Stearns, et ce malgré l’aléa moral. “Il n’y a pas de sauvetage parfait”, a reconnu M. Jonhson, mais “l’argent public peut être utilisé et est utilisé de façon sensée”, a-t-il assuré. |
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