[09/04/2008 17:26:18] PITESTI (AFP) Le tribunal de Pitesti (nord-ouest de Bucarest) a jugé “légale” la grève des ouvriers de l’usine Dacia (Renault), entamée le 24 mars pour de meilleurs salaires, renforçant ainsi la détermination des grévistes à la veille d’un grand rassemblement dans la ville. “Je confirme, la décision du tribunal a été que la grève était légale, ce que j’ai soutenu depuis le début”, a déclaré le leader syndicaliste Ion Iordache qui, quelques heures plus tôt, avait annoncé le rejet par les ouvriers de l’offre patronale faite la veille. “La grève continue et nous invitons l’administration à des négociations”, a-t-il précisé, rappelant qu’une manifestation est prévue jeudi à Pitesti. “Nous considérons cette décision comme illégale car elle est contraire à la doctrine et à la jurisprudence roumaines en matière de grève”, a déclaré Mihai Acsinte, directeur exécutif juridique pour Dacia. Il a assuré qu’un recours serait déposé. “Nous sommes surpris car nos arguments étaient forts” mais “aussi par la manière dont elle (la décision) a été prononcée. Ça donne à penser que c’est une décision populiste, pour le grand public”, a poursuivi le représentant de la direction, faisant remarquer que “la cour a invité les télévisions pour l’annonce de la décision mais pas pour les débats”. Le tribunal avait reporté à deux reprises sa décision sur la plainte déposée par la direction de l’usine au premier jour de grève, accusant le syndicat d’avoir déclenché le mouvement “avant de parcourir toutes les étapes des négociations” et d’avoir “gonflé” le nombre des grévistes. La nouvelle proposition salariale de la direction, faite mardi, prévoyait “une augmentation du salaire mensuel brut de 210 lei (environ 57 euros) dès le 1er janvier 2008 et encore 90 lei (24 euros) à partir du 1er septembre 2008”, plus “une prime de résultat sur 2007 de 1.128 lei bruts (300 euros) accordée en tranches mensuelles de 94 lei brut à partir du 1er janvier 2008”.
Mais M. Iordache a assuré que les grévistes restaient accrochés à la demande d’augmentation des salaires de 550 lei (environ 148 euros), ce qui porterait le salaire mensuel moyen brut à environ 435 euros contre 285 actuellement. “On veut une augmentation en conformité avec l’augmentation des prix en Roumanie, car les prix sont européens mais pas les salaires”, a lancé un gréviste sous couvert de l’anonymat, déterminé à poursuivre le mouvement. “Dacia a apporté les plus gros profits à Renault et nous, on a juste des félicitations”, a renchéri Andrei Neculae, chauffeur en grève, montrant une fiche de salaire de 977 lei “avec 24 ans d’ancienneté et sans heures supplémentaires”. “La grève s’est prolongée car ils se basent sur notre pauvreté, ils en profitent”, a-t-il ajouté, persuadé comme ses voisins que le risque d’être remercié est moindre car, dit-il “on a l’expérience de ce travail” et que “peu de gens travaillent autant pour des salaires aussi bas”. Tous étaient bien décidés à répondre à l’appel au rassemblement lancé par le syndicat, auquel devraient participer un élu CGT et un élu CFDT du comité de groupe Renault France, attendus mercredi soir en Roumanie pour soutenir les grévistes et leur remettre le produit de la collecte de solidarité organisée en France. De telles collectes ont eu lieu notamment auprès des salariés des usines de Cléon et Sandouville (nord-ouest de la France) et du centre technique du Lardy (région parisienne), la CGT de Peugeot Mulhouse (est) ayant réalisé sa propre collecte mercredi. Un premier rassemblement des grévistes, le 27 mars, avait réuni plus de 3000 personnes à Mioveni, site de l’usine Dacia, et avait reçu le soutien d’autres syndicats nationaux. |
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