Roumanie : des milliers de grévistes de Dacia manifestent leur détermination (PAPIER GENERAL)

 
 
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Manifestations de salariés de l’usine Renault de Dacia, en Roumanie, le 27 mars 2008 à Mioveni (Photo : Daniel Mihailescu)

[10/04/2008 12:02:13] PITESTI (Roumanie) (AFP) Plusieurs milliers de salariés de Dacia (Renault), soutenus par des syndicats nationaux, ont affiché jeudi lors d’un rassemblement à Pitesti, au nord-ouest de Bucarest, leur détermination à poursuivre la grève entamée le 24 mars pour obtenir des meilleurs salaires.

Réunis sur la place centrale de la ville à l’appel du syndicat de l’usine, les manifestants ont maintenu leur demande d’augmentation de 550 lei (environ 148 euros), forts de la décision d’un tribunal jugeant leur action “légale”.

“Nous allons continuer la grève jusqu’à l’obtention de nos droits”, a déclaré Marin Anghel, un des leaders syndicalistes de l’usine Dacia, alors que les protestataires criaient: “Nous ne cèderons pas”, “Non à l’esclavage” et “Roumanie réveille-toi, nous ne voulons plus être esclave de l’UE”.

“Nous n’avons pas peur car c’est nous qui travaillons, c’est nous la base de l’entreprise”, a assuré l’un des grévistes, en brandissant une feuille de salaire de 1000 lei mensuel “après 34 ans chez Dacia”, et assurant qu’il était contraint “comme beaucoup d’autres à faire des emprunts pour survivre et soutenir la scolarité de mes deux enfants”.

Aux cris de “A bas Tariceanu”, les manifestants s’en sont pris également au Premier ministre roumain qui avait lancé un appel aux salariés de l’usine en leur demandant de “ne pas traire la vache jusqu’à ce qu’elle n’ait plus de lait”.

“Nous sommes disposés à négocier, dès aujourd’hui”, a indiqué pour sa part Ion Iordache, autre chef de file syndical de l’usine.

Présent à la manifestation, Fabrice Le Berre, délégué syndical CGT Renault, a exprimé la “solidarité des ouvriers français” et donné le fruit de la collecte de solidarité (2000 euros) effectuée auprès des salariés de l’usine française de Cleon.

Selon lui, quelque 10.000 euros ont été collectés dans d’autres usines Renault en France et devraient être prochainement envoyés en Roumanie.

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Carte du monde des usines du groupe Renault et de leurs effectifs respectifs au 9 avril 2008

La manifestation, la deuxième après celle du 27 mars dernier, a duré moins de trois heures. Certaines rumeurs évoquaient la possibilité d’un nouveau rassemblement le lendemain.

Les ouvriers de Dacia réclament une hausse mensuelle des salaires de 550 lei (environ 148 euros), ce qui porterait le salaire mensuel moyen brut à environ 435 euros contre 285 euros actuellement.

Ils ont rejeté mercredi une nouvelle proposition de la direction, prévoyant “une augmentation du salaire mensuel brut de 210 lei (environ 57 euros) dès le 1er janvier 2008 et encore 90 lei (24 euros) à partir du 1er septembre 2008”, plus “une prime de résultat sur 2007 de 1128 lei bruts (300 euros) accordée en tranches mensuelles de 94 lei brut à partir du 1er janvier 2008”.

“Dacia a fait le troisième pas en avant, une troisième offre généreuse, mais on ne peut pas donner l’augmentation réclamée par le syndicat, qui est surdimensionnée par rapport à la situation de Dacia et de l’économie roumaine”, a déclaré Liviu Ion, porte-parole de la direction, joint par l’AFP.

Mercredi, un tribunal de Pitesti avait jugé “légale” la grève des ouvriers de l’usine Dacia, entamée le 24 mars.

Le porte-parole de Dacia a cependant indiqué qu’un recours avait été déposé au tribunal dont la décision est considérée “contraire à la doctrine et à la jurisprudence roumaines en matière de grève” par le représentant juridique de l’entreprise.

Premier constructeur automobile roumain, racheté en 1999 par le groupe français Renault, Dacia a établi un nouveau record de ventes en 2007, avec plus de 230.000 unités commercialisées en Roumanie et à l’étranger, soit une hausse de 17,4% par rapport à l’exercice 2006.

 10/04/2008 12:02:13 – © 2008 AFP