[10/04/2008 16:34:59] FRANCFORT (AFP) La Banque d’Angleterre baisse ses taux, la Fed va le faire de nouveau et la BCE va continuer à ne toucher à rien : c’est du moins ce que suggèrent les nouvelles mises en garde contre un dérapage incontrôlé des prix proférées jeudi par son président Jean-Claude Trichet. Le conseil des gouverneurs réunis au siège de l’Eurotower à Francfort (ouest) a décidé “à l’unanimité” de garder le principal taux directeur inchangé à 4%, son niveau depuis juin. A Londres, la Banque d’Angleterre a réduit son principal taux d’un quart de point à 5% en réponse à une dégradation des conditions du crédits, qui épargne la zone euro selon le Français. Il n’y a pas “de signes significatifs de difficulté au niveau de l’offre de crédits bancaires aux ménages et aux entreprises non financières”, a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse. La Réserve fédérale américaine devrait elle aussi continuer à abaisser son principal taux, actuellement à 2,25%, lors de sa réunion de fin avril, alors que la récession menace outre-atlantique. Mais là aussi, la zone euro n’est pas dans le même cas de figure. “Les fondamentaux économiques de la zone euro sont sains. Les données économiques récentes continuent à indiquer une croissance (…) modérée, mais qui se poursuit”, a répété M. Trichet. Certes les risques pour la croissance restent élevés. Le premier d’entre eux concerne l’impact de la crise des marchés financiers sur l’économie réelle.
“Le niveau d’incertitude résultant des turbulences sur les marchés financiers reste inhabituellement élevé et les tensions pourraient durer plus longtemps que prévu initialement”, a-t-il reconnu. L’inflation reste toutefois la préoccupation majeure des gardiens de l’euro. “Nous connaissons une période plutôt prolongée de taux d’inflation temporairement élevé”, liée à l’énergie chère et l’envolée des prix des denrées alimentaires, a-t-il relevé. En mars, l’inflation s’est hissée à 3,5% sur un an, du jamais vu depuis la création de la zone euro en 1999 et bien loin de l’objectif de la BCE d’un taux légèrement inférieur à 2%. Le conseil mise bien toujours sur des prix progressivement plus sages en cours d’année, mais les risques qu’un tel scénario échoue sont considérables, a-t-il ajouté. Pour lui, beaucoup dépend des négociations salariales. Après la hausse plus forte que prévue décrochée par le syndicat des services Verdi en Allemagne, le président a de nouveau appelé les syndicats européens à “être responsables”, en clair modérés dans leurs demandes. La flambée des prix entame le pouvoir d’achat des consommateurs et rend au contraire légitimes aux yeux des syndicats les revendications de fortes hausses salariales. La BCE reste bien décidée à prévenir toute spirale inflationniste alimentée par les salaires et la lutte contre l’inflation reste la “priorité absolue”, a menacé M. Trichet. En résumé, et contrairement au Fonds monétaire International, la BCE ne pense pas que le temps est venu d’apporter une bouffée d’oxygène à la zone euro en rendant le crédit moins cher. “La BCE reste en position d’attente”, souligne Alexander Krüger, économiste à la Bankhaus Lampe. De nombreux économistes estiment qu’il ne se passera rien sur les taux avant l’automne. La question reste la même: “la conjoncture va-t-elle dans les mois à venir s’affaiblir au point que la BCE ne puisse pas échapper à une politique monétaire plus souple”, renchérit son confrère de la WestLB Arnd Schäfer, pour qui il n’est pas impossible que la banque européenne ne baisse pas ses taux du tout. Le chef économiste de la Commerzbank Joerg Kraemer attend un premier geste seulement à la fin de l’année ou début de l’an prochain. Selon ses prévisions, l’inflation restera au dessus des 3% jusqu’à l’automne. |
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