[10/04/2008 17:24:29] WASHINGTON (AFP) Le Fonds monétaire international, qui a de nouveau révisé à la baisse ses prévisions de croissance, s’est mis en porte-à-faux vis-à-vis des pays riches, qui jugent trop pessimiste son appréciation de l’impact de la crise financière sur l’économie réelle. “Les dernières prévisions du FMI sont indûment pessimistes”, a estimé mercredi le sous-secrétaire américain au Trésor David McCormick. L’institution internationale a drastiquement revu à la baisse ses projections de croissance pour les Etats-Unis qui devraient connaître une “légère récession” en 2008, suivie d’une hausse de leur produit intérieur brut de seulement 0,6% en 2009, alors que la Réserve fédérale pense que l’économie aura alors renoué avec son potentiel. Le ministère français de l’Economie a également jugé que les prévisions du Fonds (1,4% de croissance cette année, contre 1,7% à 2% attendu par le gouvernement) étaient “exagérément pessimistes”. Lors de la parution des chiffres de février, il avait qualifié l’analyse du Fonds de “schizophrène” et “pas très rationnelle”. Réunis le week-end dernier en Slovénie, les ministres des Finances européens sont globalement apparus sur la même ligne. “Pour l’instant, nous avons seulement des conséquences limitées de la crise financière aux Etats-Unis sur la zone euro et l’Allemagne. Je ne vois pas de raison de revoir les prévisions (de croissance) nettement à la baisse ni de réagir par des politiques économiques”, avait dit le président de la Banque centrale allemande, Axel Weber.
Le ministre allemand des Finances, Peer Steinbrück, s’était emporté: “ça n’a pas de sens de se focaliser là-dessus et de se laisser hypnotiser comme un lapin devant un serpent”. Dans les jours précédant l’annonce des nouvelles prévisions, l’Allemagne avait pourtant obtenu que les siennes soient adoucies. “Nous avons instruit le FMI de notre position, et nos arguments ne sont pas restés sans effet”, s’est félicité mardi le secrétaire d’Etat aux Finances Thomas Mirow. Paradoxalement, c’est du côté de l’un de ses plus anciens critiques que le FMI a reçu du soutien. Jeudi, le prix Nobel d’Economie Joseph Stiglitz a estimé que, “cette fois”, l’institution avait raison tant dans son chiffrage de la crise financière, que dans son évaluation du PIB américain. Dans un rapport publié mardi, le service du FMI chargé de la surveillance des marchés a chiffré à 945 milliards de dollars le coût potentiel de la crise pour le système financier international, dont 565 milliards directement liés au secteur des prêts hypothécaires à risque. M. Stiglitz, ancien économiste en chef de la Banque mondiale a expliqué que les problèmes du “subprime” ne faisaient que commencer, dans un entretien à la chaîne de télévision financière CNBC. Quelque 2,2 millions d’emprunteurs devraient perdre leur logement l’an prochain aux Etats-Unis, et les prix de l’immobilier, qui ont déjà baissé de 10%, pourraient encore perdre 10% à 20% avant de se stabiliser, a-t-il dit. Le nouveau directeur général du Fonds, Dominique Strauss-Kahn, n’a pas directement pris part à la controverse. “Le FMI est de retour”, a-t-il simplement constaté jeudi, lors d’une conférence de presse précédant l’assemblée de printemps du Fonds, qui se tient ce week-end à Washington. “Le débat s’organise autour de nos prévisions”. |
||||
|