[14/04/2008 18:11:51] WASHINGTON (AFP) Les banques américaines se sont lancées dans un nouveau round de dépréciations d’actifs et de recapitalisation, anticipant sur les recommandations des grands argentiers du G7 qui leur ont donné 100 jours pour faire toute la lumière sur leurs pertes potentielles et y remédier. Après une première vague de renflouements achevée fin janvier, qui avait concerné cinq grandes banques américaines, plusieurs établissements se tournent de nouveau vers le marché pour lever massivement des fonds. Sujet de rumeurs récurrentes sur sa santé financière, Lehman Brothers a ouvert le bal, début avril, et récolté quatre milliards de dollars quelques jours après l’implosion de Bear Stearns, racheté en catastrophe par sa consoeur JPMorgan Chase. Depuis, Washington Mutual a suivi, levant sept milliards de dollars, Wachovia lui emboîtant le pas lundi, avec une recapitalisation également annoncée à sept milliards de dollars. Ces appels lancés aux investisseurs sont la conséquence directe de la publication des résultats du premier trimestre, qui débute véritablement cette semaine aux Etats-Unis. En arrêtant leurs comptes, les banques ont été contraintes d’évaluer le prix de leurs actifs. Compte tenu de la détérioration continue du marché immobilier américain, portefeuilles de prêts ou titres adossés à des créances hypothécaires ont de nouveau perdu de la valeur, ce qui oblige les établissements à passer un surcroît de dépréciations d’actifs. “La racine du problème se trouve dans l’immobilier, qui ne va pas mieux”, a récemment estimé Mike Mayo, analyste de Deutsche Bank, dans une note, annonçant que de nouvelles dépréciations étaient “probables”. Les estimations des analystes atteignent même plus de dix milliards de dollars pour Citigroup, qui publie ses résultats vendredi. Ces dépréciations augmentent mécaniquement les besoins en capitaux des banques, qui doivent respecter un certain niveau de fonds propres réglementaire. Dans le cas de Wachovia, qui avait déjà levé 3,5 milliards de dollars début février, des provisions pour créances douteuses et des dépréciations d’actifs de plus de 3,5 milliards de dollars au premier trimestre ont poussé la banque à se renflouer de nouveau. A priori, l’accent mis sur capitalisation et valorisation répond davantage à la demande des investisseurs qu’à celle des politiques ou des régulateurs. “Aucun régulateur ne nous a approché pour nous demander de lever des capitaux”, a affirmé lundi le PDG de Wachovia, Ken Thompson. Néanmoins, l’approche s’accorde avec la demande des grands pays industrialisés du G7, qui ont donné, vendredi, cent jours aux banques pour dévoiler l’intégralité de leurs actifs à risque. Le G7 s’est appuyé sur le rapport du Forum de stabilité financière (FSF), qui recommande également le “renforcement des fonds propres lorsque c’est nécessaire”. Malgré les dépréciations d’actifs à venir, toutes les grandes banques américaines ne seront pas obligées de tendre encore la sébile. Merrill Lynch ne devrait ainsi pas avoir recours à une augmentation de capital supplémentaire, selon Brad Hintz, analyste de Sanford Bernstein, qui anticipe pourtant des dépréciations de 4,5 milliards pour le premier trimestre. Le PDG John Thain “a insisté sur le fait qu’ils avaient levé plus de capital qu’ils n’en avaient besoin pour ne pas avoir à retourner sur le marché”, ajoute M. Hinz. Désormais mues par un souci de précaution extrême, les banques américaines offrent au marché un luxe de détail quant à la structure de leur bilan, la valeur de leurs actifs ou le niveau de leurs liquidités. Selon une source proche de la rencontre du G7, il y aurait ainsi aujourd’hui “plus d’incertitude du côté européen que du côté américain” quant à l’exposition exacte aux produits financiers à risque. |
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