[14/04/2008 18:25:37] LUXEMBOURG (AFP) Les appels à la mobilisation internationale se multiplient pour faire face aux crises alimentaires qui menacent la planète, la France appelant l’Union européenne à augmenter sa production agricole tandis que les Etats-Unis promettent sous peu des mesures d’aide d’urgence. “Il va falloir doubler la production agricole mondiale d’ici à 2050 pour nourrir 9 milliards d’habitants sur la planète”, a souligné le ministre français de l’Agriculture, Michel Barnier, en proposant une initiative pour la sécurité alimentaire dans le monde à ses partenaires européens réunis à Luxembourg. La France propose à l’Europe de “produire plus et mieux” et de rester “une puissance agricole forte” pour répondre au “contexte grave de crise” et “aux émeutes de la faim”, comme celles qui ont frappé Haïti et fait plusieurs morts, entraînant le départ du Premier ministre.
Une manière de répondre à ceux qui, comme la Grande-Bretagne, prônent une baisse des subventions agricoles de l’UE. Cette profession de foi intervient alors que les 27 sont en train d’établir un “bilan de santé” de leur Politique agricole commune (PAC). Et que la France entend lancer dès sa présidence de l’UE au second semestre la discussion sur la place de l’agriculture dans la politique européenne, en vue du débat difficile à venir sur son budget après 2013. M. Barnier a aussi demandé une aide spécifiquement agricole plus importante de la part de l’UE aux pays pauvres, pour qu’ils se rapprochent de l’autosuffisance. Il a enfin plaidé en faveur de la plus grande fermeté de l’Europe dans les négociations commerciales mondiales à l’OMC, où l’Europe est sous pression pour réduire ses aides et droits de douanes agricoles. L’initiative française a dans ce contexte été accueillie avec prudence par ses partenaires européens. Si tous, à l’image de la présidence slovène de l’UE, soulignent la gravité du problème de la flambée des prix alimentaires, certains soupçonnent la France de chercher à profiter du contexte international pour défendre ses intérêts de première puissance agricole de l’UE. Le ministre portugais de l’Agriculture, Jaime Silva, a ainsi jugé qu’il ne fallait “pas mélanger” la question de la production alimentaire avec les négociations à l’OMC. En privé, les Britanniques redoutent que l’initiative française soit utilisée pour bloquer de nouvelles adaptations de la PAC.
L’inquiétude grandit également aux Etats-Unis face aux événements en Haïti ou en Afrique, où la hausse spectaculaire des prix de denrées de base comme le blé, le maïs ou le riz, suscite aussi une grogne croissante. Le président américain George W. Bush est “très inquiet” et les Etats-Unis devraient annoncer des mesures spécifiques dans les tout prochains jours, a indiqué lundi le porte-parole de la Maison Blanche. Le porte-parole s’exprimait après que la Banque mondiale eut lancé un appel à une intervention urgente, et que le Fonds monétaire international (FMI) eut mis en garde contre des “conséquences terribles” si l’inflation se poursuit, avec “des centaines de milliers de personnes (qui) vont mourir de faim”. Lundi, le rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation, Jean Ziegler, a enfoncé le clou en estimant que la planète se dirigeait “vers une très longue période d’émeutes” et de conflits liés à la hausse des prix et à aux pénuries. Il a en outre jugé que la production massive de biocarburants, encouragée par les Etats-Unis et l’UE comme alternative aux hydrocarbures, constituait “un crime contre l’humanité” dans la mesure où elle tend à se substituer aux cultures alimentaires et encourage la hausse des prix. |
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