Union pour la Méditerranée : La France y croit…


Par Abou SARRA

L’initiative du Président français Sarkozy de créer une «Union pour la
Méditerranée» et de convoquer, le 13 juillet prochain, à Paris, un sommet
pour sa constitution, avance à pas de géants. Diplomates et émissaires
français se bousculent, ces jours-ci, aux aéroports du sud de la
Méditerranée pour mieux expliquer les tenants et aboutissants de ce projet
de groupement régional.


Invité, le 11 avril 2008, à participer, à Tunis, aux travaux du forum
international annuel de la revue “l’Economiste maghrébin” organisé cette
année sur le thème “Nouveaux Etats membres et pays sud-méditerranéens :
Partenaires ou concurrents”, M. Eric Besson, secrétaire d’Etat auprès du
Premier ministre français chargé de la prospection, de l’évaluation des
politiques publiques et du développement de l’économie numérique a donné
d’amples éclairages sur l’approche que se fait la France de ce groupement
régional.

 

De prime abord, il a tenu à souligner que, pour l’Europe, (voire pour la
France), il n’y a pas de contradiction entre l’élargissement de l’Union
européenne (UE) aux pays de l’est (PECO) et l’approfondissement des
relations avec la Méditerranée. Il estime même qu’il peut y avoir, grâce à
l’interaction de ces deux phénomènes, une dynamique d’intégration à
l’échelle régionale.

 

Au-delà de cette conviction, le message de M. Besson était clair. Il est
empreint d’optimisme et se démarque du pessimisme des discours sombres
d’antan sur la zone méditerranéenne qualifiée, trop souvent, de «zone à
problèmes» : pollution, migration, terrorisme.

 

Pour M. Besson, la Méditerranée est loin d’être un problème, c’est au
contraire une chance à saisir et un partenaire d’avenir.

 

D’un point de vue économique, la zone, qui montre de plus en plus des signes
de bonne santé, recèle d’opportunités non négligeables. En témoigne la
progression du taux de croissance moyen dans la zone (6,3% en 2006 contre 3%
en 2000) et sa tendance à s’inscrire dans la durée (2010-2030) si on croit
la Banque Mondiale. Vient ensuit la maîtrise des fondamentaux : l’inflation
a régressé dans la zone de 20% au début des années 90 à 5% actuellement et à
2% pour certains. Au cours de la même période, le déficit public est passé
de 8% du PIB à 5%. La dette publique a reculé de 80% à 60% du PIB.

 

Autres tendances : les échanges commerciaux des pays du sud de la
méditerranée concentrés, jusqu’ici, sur deux ou trois pays (France,
Allemagne et Italie) sont appelés, à la faveur de l’accélération du
développement des PECO, à s’intensifier avec ces nouveaux pays membres de l’UE.
En plus clair, on s’attend à court et moyen terme, à une recomposition
globale de la division du travail dans la vaste région «Europe-
Méditerranée». Une telle recomposition va profiter, en priorité, aux sud
méditerranéens.

 

Idem pour les IDE, la méditerranée, qui constitue l’une des principales
zones du fret maritime mondial (30%), offre d’importants avantages en termes
de proximité, de compétitivité par les coûts.

 

Pour preuve : les pays du golfe et les Etats-Unis l’ont compris et ont
commencé à investir gros en méditerranée. L’Europe ne doit pas rater le
coche. Elle devrait, à son tour, intensifier ses investissements dans la
zone.

 

Néanmoins, l’économie n’est pas la seule à militer pour un approfondissement
de la coopération au sein d’une vaste zone Europe – méditerranée. Ce projet
a également une dimension politique.

 

D’où l’enjeu, selon M. Besson, de la réunion, le 13 juillet prochain, à
Paris, des pays riverains pour lancer l’Union pour la Méditerranée. Pour
lui, cette Union vise à développer des solidarités concrètes autour de
projets clairement identifiés. Il ne s’agit donc pas seulement d’utiliser
l’outil budgétaire, mais bien d’ouvrir en commun avec les pays de la zone,
de véritables chantiers dans des domaines tels que : la dépollution de la
méditerranée à l’horizon 2020, l’accès à l’eau potable, les autoroutes de la
mer, le plan solaire méditerranéen, la formation professionnelle et
l’adaptation en commun au changement climatique.