[15/04/2008 06:37:40] FRANCFORT (AFP) Ron Sommer, l’ancien patron charismatique de Deutsche Telekom, a rejeté lundi les accusations selon lesquelles il aurait contribué à la chute de la valeur de “l’action T” dans le cadre d’un procès géant lancé par quelque 16.000 actionnaires. Les petits porteurs reprochent à la direction du groupe de ne pas avoir informé le public sur son intention d’acquérir l’américain Voicestream, ni sur les risques que l’opération comportait avant la mise en Bourse d’une troisième tranche de son capital en 2000. Or le rachat aura pour conséquence une augmentation drastique de l’endettement du groupe, ce qui contribuera par la suite au plongeon de la valeur de l’action. Le directoire et le conseil de surveillance de l’ex-monopole ont décidé de se lancer dans l’acquisition de Voicestream à la fin juillet 2000, a expliqué M. Sommer devant le tribunal de grande instance de Francfort (ouest). La mise en Bourse du troisième paquet d’actions Telekom avait eu lieu un mois plus tôt, a-t-il ajouté.
Deutsche Telekom a certes au cours de cette année rencontré la direction de Voicestream et des offres d’achat informelles et non contraignantes ont été faites. Mais Telekom a parallèlement procédé de la même manière avec d’autres cibles, un “comportement habituel” dans ce type de négociations, a-t-il assuré. “Nous n’étions arrivés à aucun accord concret avant la troisième entrée en Bourse, en particulier en ce qui concerne Voicestream”, a-t-il insisté. Au total, l’acquisition de la société américaine aura coûté environ 39 milliards d’euros, selon des données fournies par Telekom. “L’opération était si concrète qu’elle aurait dû être évoquée” dans les prospectus d’information sur la mise en Bourse, a de son côté argumenté l’avocat Andreas Tilp. M. Sommer, aujourd’hui âgé de 58 ans, a tenu les rênes de Telekom entre 1995 et 2002. Il était devenu président du groupe à l’âge de 46 ans, en pleine euphorie du high tech. Sous son égide, une nouvelle ère s’est ouverte pour le géant des télécoms, numéro un du secteur en Europe, avec d’une part la privatisation –qui a connu un énorme succès populaire– et d’autre part l’extension à l’étranger, en particulier aux Etats-Unis. Sa bonne étoile s’est ternie en même temps que l’action Telekom a plongé et le gouvernement allemand, qui reste actionnaire de référence du groupe, a fini par le pousser à démissionner. Deutsche Telekom est accusé par les petits actionnaires d’avoir mal évalué la valeur de son portefeuille avant d’introduire en Bourse cette troisième tranche de son capital. Depuis l’effondrement du cours de l’action début 2001, le titre, victime de l’éclatement de la bulle des nouvelles technologies, n’a jamais redécollé. Au total, les actionnaires, s’estimant floués, réclament 80 millions d’euros au groupe en dommages et intérêts, dans le cadre de ce procès, le premier du genre en Allemagne, rendu possible par l’application d’une nouvelle loi introduisant les “class actions” à l’américaine. |
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