Réputée pour être le champion de la contrefaçon et des fausses origines, des
décennies durant, pour ne pas dire un siècle durant, l’Italie s’emploie,
aujourd’hui, à se forger une notoriété artificielle de défenseur des marques
d’origine.
Ce pays, qui avait initié en 2005 sous la pression de lobbies un projet de
règlement sur le marquage des produits importés d’Etats tiers plus connu
sous l’appellation anglicane «made in», semble décidé à faire cavalier seul
et à appliquer ce règlement, en dépit de son blocage par une forte majorité
de pays de l’Union européenne.
En témoigne l’affaire du textilien italien Renzo Guazzini qui a été
présenté, début avril 2008, à la justice pour avoir apposé sur des vêtements
d’hommes, réalisés par des stylistes-modélistes italiens, mais confectionnés
en Tunisie, l’étiquette «made in Italy». C’est la garde de finance qui l’a
non seulement dénoncé mais osé saisir la marchandise importée de Tunisie.
Un juge averti de Livourne (région de Toscane) l’a toutefois acquitté,
estimant qu’il était suffisant que le tissu et le modèle soient italiens
pour pouvoir apposer l’étiquette «made in Italy».
Cette affaire remet sur la table ce fameux règlement «made in» aux relents
protectionnistes. Il est sévèrement critiqué par plusieurs membres de
l’Union européenne. Parmi les pays qui bloquent ce projet, figurent
l’Allemagne, la France, le Danemark, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas et la
Suède.
Et pour cause, ce règlement, pour peu qu’il soit appliqué, peut avoir des
effets négatifs pour les nombreux industriels européens, détenteurs de
marque et ayant développé des stratégies de partenariat avec la rive sud de
la Méditerranée, c’est-à-dire la quasi- totalité des entreprises européennes
du secteur textile-habillement.
Cette disposition risque de compromettre les implantations en Tunisie de
griffes célèbres telles que Aubade, Lacoste, Benetton, et autres….
Idem pour les centrales d’achat et hypermarchés qui s’approvisionnent en
produits textiles dans les pays du sud de la Méditerranée à des prix
compétitifs avant de leur greffer leurs enseignes. Ces géants de la grande
distribution risquent également d’être lésés.
Pour mémoire, ce projet de règlement concerne, entre autres produits, les
vêtements et les matières textiles importés de pays tiers, à l’exception des
marchandises originaires du territoire des communautés européennes, de la
Bulgarie, de la Roumanie, de la Turquie et des parties contractantes de
l’accord de l’Espace économique européen (Islande, Norvège, Liechtenstein).
A travers ce règlement, les initiateurs européens se cachent derrière de
nobles principes. Ils entendent s’assurer de la bonne qualité du produit, de
sa non-fabrication par des enfants ou des travailleurs forcés, de son
respect des normes environnementales et de sa non-dangerosité.
Il s’agit également pour l’Union européenne d’aligner sa législation de
l’origine sur celle des pays (comme les Etats-Unis, le Canada) et de lutter
contre les fausses origines et la contrefaçon.
Les opposants à ce règlement sont pour la plupart des associés de l’UE au
sud de la Méditerranée (pays du Maghreb entre autres). Dans la déclaration
de Tunis (avril 2007), ces pays jugent ce règlement «inopportun» et estiment
qu’outre les surcoûts qu’il générerait, ne manquerait pas, une fois adopté,
de pénaliser et de discriminer le Maroc et la Tunisie, de porter un coup dur
à la solidarité euro-méditerranéenne et de doper la compétitivité de pays
concurrents qui en seront exonérés (Turquie, Roumanie, Bulgarie….).
C’est pour dire qu’il s’agit d’un règlement à haut risque….
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