[16/04/2008 16:31:06] PARIS (AFP) France Télécom étudierait un rachat de son homologue scandinave TeliaSonera, affirme mercredi Le Figaro, son appétit ayant été aiguisé par sa santé financière retrouvée et les rapprochements entre ses concurrents européens. TeliaSonera, né en 2002 de la fusion de deux anciens monopoles, le suédois Telia et le finlandais Sonera, est une proie d’environ 34 milliards d’euros. Le nouvel ensemble constituerait le premier opérateur télécoms européen, avec un chiffre d’affaires de 63 milliards. Pour l’instant, ni France Télécom ni TeliaSonera n’ont souhaité commenter cette information, qualifiée par leurs porte-parole de “rumeur” ou de “spéculation”. Vers 16H45, le titre France Télécom perdait 5,95% à 20,86 euros, dans un marché en hausse de 1,47%, tandis qu’à Stockholm, TeliaSonera grimpait de 10,49% à 49,50 couronnes, dans un marché en hausse de 2,38%. Ces dernières années, France Télécom a pourtant joué la prudence sur le terrain des acquisitions, après son achat en 2000 du britannique Orange pour 50 milliards d’euros: lourdement endetté, il voulait d’abord se rétablir financièrement.
Cure de rigueur, suppressions d’emplois, refonte du marketing avec le passage de l’essentiel du groupe sous la marque Orange: l’opérateur français a retrouvé la santé et réalisé en 2007 des résultats meilleurs que prévus. Il cherche désormais la croissance dans trois directions: “conforter notre présence sur les marchés émergents, renforcer quand c’est nécessaire notre présence en Europe occidentale et acquérir des compétences complémentaires dans certaines activités-clés”, explique une porte-parole. Trois tendances illustrées, ces derniers mois, par les rachats d’opérateurs et de licences mobiles en Afrique, du fournisseur d’accès internet espagnol Ya.com et du portail internet français Cityvox. TeliaSonera serait une cible intéressante, avec une rentabilité opérationnelle à 27% (Orange est à 11%), une présence importante en Scandinavie et dans les pays Baltes (où le français n’est pas encore implanté) et des positions stratégiques en Russie, Turquie ou encore Kazakhstan. Difficile aussi pour France Télécom de rester inactif face aux récents rapprochements d’autres géants du secteur en Europe: Telefonica a pris une participation dans Telecom Italia en 2007, Deutsche Telekom veut racheter 20% de la société grecque de télécommunications OTE.
Pourtant, les analystes financiers sont sceptiques: France Télécom “est davantage dans une logique d’optimisation de son portefeuille d’actifs qu’en phase de recherche de cibles en Europe”, souligne Natixis dans une note à ses clients. Même verdict chez CM-CIC Securities qui juge le scénario “pas crédible”, et Dexia qui le trouve “étrange”, doutant des synergies réalisables. CM-CIC Securities reconnaît toutefois que “le secteur des télécommunications va se consolider sur le long terme”. Un tel rachat, qui devrait être amical selon Le Figaro, serait “politiquement complexe”: les deux premiers actionnaires de TeliaSonera sont l’Etat suédois (37,3%), qui a déjà annoncé son souhait de vendre, et l’Etat finlandais (13,7%), qui laisse entendre que ce n’est pas un investissement stratégique, tandis que l’Etat français conserve 27,4% de France Télécom. Selon le journal, Paris étudie avec l’Agence des participations de l’Etat un schéma qui consisterait à acquérir le scandinave par échange d’actions: la participation de l’Etat français dans le nouvel ensemble serait diluée et les Etats suédois et finlandais y feraient leur entrée. Des fonds d’investissements souverains rejoindraient aussi le tour de table. Interrogé, le porte-parole du gouvernement Luc Chatel a juste déclaré que “le gouvernement s’exprimera le moment venu sur le sujet”. |
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