«Mon père était
chauffeur, il n’avait pas de biens, juste la maison familiale où il est né.
Nous sommes sept frères et sœurs. En ce qui me concerne, j’ai fréquenté
l’école jusqu’à la fin du cycle primaire, puis j’ai intégré l’école de
formation professionnelle de la Cité Ezzouhour. A l’obtention de mon
diplôme, mon père m’a offert une machine à tricoter que je garde à ce jour
et qui m’a permis de gagner tant bien que mal ma vie. En 1978, je me suis
mariée à un dessinateur en architecture. Tout allait pour le mieux pour nous
quand un coup du destin nous frappa un jour. Mon mari eut un grand échec en
affaires pour s’être associé avec un homme avéré escroc. En chômage, mon
mari a accepté, bon gré mal gré, à apprendre mon propre métier. Puis un
autre accident, le mien cette fois-ci, m’a retenue au lit pendant des mois
et des mois. Cela nous a obligés à loger chez mes parents, mais la gêne
ressentie par mon mari était telle que nous avons dû déménager à la Cité
Ettadhamen. Entre temps, mon mari s’est spécialisé dans la confection des
bonnets.
Et un jour, des
connaissances à moi m’ont appris l’existence de Enda. J’ai commencé comme
tout le monde par un petit prêt de 200 dinars. Ayant été prévenue du
caractère strict de cette institution, je me suis arrangée pour que n’accuse
jamais de retard de remboursement. Et c’est ce qui m’a permis, petit à
petit, de pouvoir solliciter – et obtenir – des mini-crédits que j’ai
volontairement limités à 1 000 dinars à chaque fois pour ne pas me retrouver
un jour dans l’impossibilité de rembourser. Mais à ce rythme, j’ai pu
diversifier mes articles : crochet, dentelle traditionnelle (chebka),
parures de lit, écharpes, etc. J’ai fini par monter mon propre atelier et ma
propre boutique».