[17/04/2008 08:10:40] SEOUL (AFP) Le président du groupe sud-coréen Samsung a été inculpé jeudi d’abus de confiance et évasion fiscale dans le cadre d’une enquête qui secoue une nouvelle fois l’un des “chaebols”, ces conglomérats tout puissants dont les patrons ont longtemps joui d’une large impunité. Lee Kun-Hee, 66 ans, restera en liberté jusqu’à la tenue du procès de même que ses neuf co-inculpés, ont annoncé les procureurs en charge du dossier. Cette mesure de clémence a été consentie car les personnes poursuivies ont reconnu la plupart des charges pesant sur elles et que les magistrats ont pris en compte “l’impact négatif sur l’économie” nationale. Lee Kun-Hee est soupçonné par la justice d’un transfert de pouvoir illégal à son fils et héritier, Lee Jae-Yong, également dirigeant au sein de Samsung. Il est également poursuivi pour une évasion fiscale présumée d’un montant de 112,8 milliards de wons (113,7 millions de dollars). “Les procureurs spéciaux ont établi que 1.199 comptes sous nom d’emprunt ont été utilisés pour réaliser des profits à partir de ventes de titres dans Samsung Electronics et autres filiales…Et il y a eu pour 112,8 milliards de wons d’évasion fiscale”, précise le rapport d’enquête lu à la télévision par le procureur général Cho Joon-Woong. Toutefois, si les magistrats ont relevé des “problèmes structurels” et un “manque de transparence” des comptes de Samsung, ils ont affirmé n’avoir trouvé aucune preuve de corruption et de fonds secrets, les accusations les plus menaçantes.
Une commission d’enquête indépendante avait été constituée en janvier après un vote du Parlement à la suite d’informations données par l’ancien responsable juridique du groupe selon lesquelles Samsung aurait créé un fonds secret de 197 millions de dollars pour obtenir des faveurs de membres du gouvernement et d’hommes politiques. Interrogé début avril par des journalistes sur la question de savoir s’il reconnaissait les accusations d’utilisation de fonds secrets, de transferts illégaux et de corruption, M. Lee avait déclaré: “sur certains points, peut-être. Mais pas à 100%”. Peu après l’annonce de l’inculpation de son président, le groupe a annoncé dans un communiqué qu’il envisageait une série de réformes. “Considérant l’enquête des procureurs spéciaux comme un nouveau départ, Samsung s’apprête à instaurer des réformes”, a indiqué le groupe sans en préciser la nature et l’étendue. Les actifs de Samsung, un groupe né en 1938 qui bénéficie d’une influence considérable en Corée du Sud, sont estimés à 280,8 milliards de dollars et ses ventes à l’étranger ont représenté 66,3 milliards de dollars l’an dernier, soit plus de 20% des exportations de la Corée du Sud. L’enquête est perçue comme un test de la détermination des autorités à combattre des pratiques occultes présumées de la part des conglomérats sud-coréens qui sont dominés par une poignée de grandes familles. Mais les peines prononcées à l’encontre des dirigeants corrompus sont rarement purgées, au nom de l’intérêt économique national.
Le patron du premier constructeur automobile sud-coréen, Hyundai Motors, Chung Mong-koo, avait été condamné à trois ans de prison ferme en février 2007 pour détournement de fonds et abus de confiance. Mais en septembre 2007, il avait vu sa peine réduite en appel à un simple sursis, assorti de travaux d’intérêt général. Le patron de Samsung, Lee Kun-Hee, avait été reconnu coupable en 1995 de financements illicites lors de l’élection présidentielle de 1997, mais il avait été blanchi de ces accusations dix ans plus tard. |
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