Thomson Reuters, nouveau géant d’un marché de l’info en plein bouleversement

 
 
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Le siège de Reuters à Londres, le 9 mai 2007 (Photo : Bertrand Langlois)

[17/04/2008 16:57:09] LONDRES (AFP) Un nouveau géant de l’information financière a vu le jour jeudi, l’anglo-canadien Thomson Reuters, qui entend imprimer sa marque dans des secteurs des médias et de la finance en plein bouleversement.

Avec 50.000 employés et un chiffre d’affaires annuel de 12,4 milliards de dollars dans 93 pays, le groupe né du rachat du britannique Reuters par le canadien Thomson Corp, devenu effectif jeudi avec son entrée en Bourse, est le deuxième fournisseur mondial d’informations destinées aux professionnels des marchés financiers, juste derrière l’américain Bloomberg.

Chacun s’est arrogé près d’un tiers du gâteau en 2007 (32,3% pour Thomson et Reuters, et 32,7% pour Bloomberg), selon le cabinet londonien Inside Market Data.

La cotation a démarré à 07H00 GMT à la Bourse de Londres, et devait commencer parallèlement le même jour à Toronto et New York. A Londres, le titre Thomson Reuters se repliait à 1.663 pence vers 11H00 GMT, après avoir débuté la séance à 1.700 pence.

Le groupe anglo-canadien a dévoilé pour l’occasion un nouveau logo, une nébuleuse de points orangés, censé symboliser les flux d’informations qu’il fournit en permanence à ses clients.

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Le logo de Thomson

Il a également lancé un programme de rachat de ses propres titres, d’un montant total de 500 millions de dollars, une mesure qui vise à augmenter la part des bénéfices qui reviendra à chaque actionnaire.

Le nouveau groupe sera dirigé par l’Américain Tom Glocer, jusque là patron de Reuters, depuis le quartier général de Times Square, à New York. M. Glocer a affiché les ambitions du nouveau groupe dans un courrier électronique adressé aux employés, abonnés et actionnaires du groupe: “le vingt-et-unième siècle sera l’ère de l’économie de l’information, et Thomson Reuters en sera l’un des chefs de file”.

En outre, la création de Thomson Reuters intervient en plein marasme du secteur financier, englué depuis l’été dernier dans la crise du crédit.

“Nous anticipons un retournement du cycle de l’information financière”, alors que “des banques d’investissement se préparent à supprimer 15% de leurs effectifs cette année, que l’industrie financière est en train de se regrouper, (avec le rachat de Bear Stearns par JPMorgan) et que la rentabilité du secteur s’est effondrée dans le sillage de la crise du crédit”, ont prévenu les analystes d’ABN Amro.

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Tom Glocer, patron du nouveau groupe Thomson-Reuters, photographié le 25 janvier 2008 à Davos (Photo : Fabrice Coffrini)

La naissance de Thomson Reuters marque aussi la fin de l’indépendance de Reuters, après plus d’un siècle et demi d’existence. Bien que tirant 90% de ses revenus des services financiers, le groupe britannique, né en 1851, s’était surtout fait connaître dans le monde entier comme agence de presse, rivale de de la française Agence France-Presse et de l’américaine Associated Press.

Reuters avait accepté en 2007 d’être acheté pour 13 milliards d’euros par Thomson Corp, un rachat d’envergure qui s’inscrit dans un mouvement généralisé chez les acteurs de l’information financière, qui voient dans les fusions une manière de renforcer leurs positions face à la concurrence, mais aussi un moyen de faire des économies d’échelle.

En décembre, le magnat de la presse Rupert Murdoch, patron de l’empire News Corp., a ainsi pris le contrôle du groupe américain Dow Jones, éditeur de l’agence d’information économique du même nom et du Wall Street Journal, tandis qu’en juillet, le suisse Telekurs s’était emparé de son concurrent français Fininfo.

 17/04/2008 16:57:09 – © 2008 AFP