Allemagne : BASF fait monter la pression pour imposer sa pomme de terre OGM

 
 
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Logo de l’entreprise BASF Agro sur la façade de la firme en février 2004 à Paris (Photo : Martin Bureau)

[17/04/2008 13:01:30] LIMBURGERHOF (Allemagne) (AFP) Lettre ouverte à la Commission de Bruxelles, pages de publicité dans les médias: le géant de la chimie BASF fait monter la pression pour imposer sa pomme de terre transgénique, une première mondiale en attente d’agrément européen.

Il y a deux jours, une nouvelle entrevue entre Stravos Dimas, commissaire à l’Environnement, et des représentants du numéro un mondial de la chimie s’est soldée par un échec, selon BASF, irrité des hésitations de Bruxelles qui n’a plus accordé d’autorisation à des OGM depuis 1998.

“Elle est sûre et protège l’environnement”, affirme pourtant Stefan Marcinowski, membre du directoire de BASF, dans une lettre ouverte publiée jeudi dans plusieurs grands quotidiens allemands.

Il exhorte Bruxelles à statuer “sans nouveaux retards”, alors que les procédures durent depuis 2006.

“Elle ressemble à n’importe quelle pomme de terre, elle est un peu plus petite, c’est tout”, explique pour l’AFP une porte-parole de Plant Science, la filiale de BASF spécialisée dans les biotechnologies, au bord des rangs de tubercules plantés devant le siège de Limburgerhof (ouest).

Baptisée Amflora et destinée au seul marché européen, la pomme de terre est modifiée génétiquement pour être renforcée en amylopectine, un composant de l’amidon utilisé par l’industrie pour fabriquer des textiles, du béton ou du papier –les restes pouvant servir d’aliments pour le bétail.

L’objectif du géant mondial, se lancer sur un créneau qui suscite toutes les convoitises et déposer un premier brevet OGM. Dans le cas de l’Amflora, les gains pour la filière, de l’agriculteur à l’industriel, en passant par le détenteur de la licence, sont estimés à 100 millions d’euros par an.

“Mais personne n’en a besoin!”, dénonce Jutta Jaksche, experte de l’association de consommateurs Vzbv. “Le consommateur ne veut pas d’OGM, l’industrie a d’autres moyens techniques pour utiliser l’amidon”.

Les écologistes dénoncent le risque de mélange avec les tubercules destinés à l’alimentation humaine et les gènes résistants aux antibiotiques contenus dans l’Amflora, qui pourraient affaiblir l’action de traitements médicaux en cas de dissémination.

“En plus, ce produit est super vieux! La technique est obsolète”, insiste Annemarie Volling, qui coordonne les zones agricoles sans OGM en Allemagne et rappelle que l’Amflora a été conçue il y a… douze ans. “BASF veut juste gagner beaucoup d’argent et commercialiser la première pomme de terre transgénique au monde”, selon elle.

“Mais on fait des raisins sans pépins (…) et personne ne dit rien”, rétorque une porte-parole de BASF, qui dénonce un “climat anti-OGM”. “De toute façon, les biotechnologies sont déjà une réalité. La question est de savoir si l’Europe en sera, ou non!”

L’enjeu pour BASF est de taille: le groupe, qui vend déjà des produits pour l’agriculture comme des engrais ou des pesticides, a lancé des projets OGM tous azimuts.

Sur le site de Plant Science, derrière les rangs d’Amflora, les serres de tests sont entourées de mesures de sécurité: prière de rester dans les allées, interdiction de toucher les plants, dont certains sont enveloppés d’une moustiquaire pour éviter que le pollen ne s’échappe.

“C’est du colza qu’on teste, il est renforcé en oméga 3 comme celui qu’on trouve dans le poisson sauvage”, explique la porte-parole.

Depuis l’an dernier, l’allemand coopère avec l’américain Monsanto pour du soja, du coton, du maïs et du colza. Leur espoir? Commercialiser dès 2012 un maïs résistant à la sécheresse.

A condition, là encore, de passer l’épreuve des autorisations et de l’hostilité des écologistes ainsi que d’une partie de l’opinion publique, inquiète des conséquences pour l’environnement.

 17/04/2008 13:01:30 – © 2008 AFP