Entreprise : la Tunisie à l’heure de la bonne gouvernance

«On compte près de 200 codes de bonne pratique dans le monde. La Tunisie
n’en a pas encore, alors que le Maroc en a depuis peu un applicable aux
sociétés cotées, ainsi que le Liban». En même temps que ce vide, Moez Joudi,
enseignant et chercheur à l’IAE de Paris (Université Paris I), lors de la
table ronde, samedi 12 avril 2008, en clôture des «Journées d’Economie
Financière», organisées par l’ATUGE, a constaté une «dynamique en Tunisie
autour de la gouvernance d’entreprise» qui s’est traduite par l’organisation
de près de 70 manifestations dédiées à ce thème, depuis 2005. Une évolution
qui vient inscrire notre pays dans un vaste mouvement planétaire qui va
crescendo, en particulier depuis trois ou quatre ans.

 

En effet, l’idée de gouvernance –que Moez Joudi fait remonter au seizième
siècle et au célèbre livre d’Adam Smith «The Wealth of the Nations»- n’a
commencé à s’imposer réellement, dans les pays développés, que depuis peu.
Plus précisément, cet expert, à la faveur des scandales financiers, qui ont
a éclaté aux Etats-Unis -notamment avec les affaires Enron et WorldCom-, et
le coût financer a été estimé par le Fonds monétaire international à 951
milliards de dollars.

 

Depuis ces scandales, qui ont mis à nu des «dirigeants opportunistes qui
accaparent la richesse de l’entreprise qu’ils gèrent dans leur propre
intérêt», les entreprises «commencent à prendre conscience des enjeux que
porte la gouvernance». En même temps, on a vu se dessiner un mouvement de
convergence, entre les 200 codes adoptés de par le monde, «vers des
principes communs applicables à chaque pays», tout en tenant compte des
spécificités de chacun. Ces principes de bonne pratique ont trait à la
séparation des pouvoirs au sein de l’entreprise, à la composition du conseil
d’administration et notamment à la nécessité d’y intégrer des
«administrateurs indépendants et compétents», à la mise en place de comités
spécialisés et à la participation des actionnaires à l’assemblée générale.

 

Le débat sur la mise en place de pareilles dispositions est tellement avancé
à l’échelle internationale que certains –c’est le cas de Business
Investigation, un cabinet français dont le DG, Bruno Ciroussel, a participé
à la table ronde- ont travaillé sur l’élaboration d’un système de mesure de
la performance du système de gouvernance.

 

En Tunisie, on ne va pas tarder à s’engager sur cette voie. Chez nous, outre
l’ATUGE, le Conseil du Marché Financier est l’un des organismes qui ont
contribué à faire mûrir la question de la gouvernance des entreprises. Mais
la percée majeure, on la doit à l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprises
(IACE) qui, en partenariat avec le Center for International Private
Enterprise (CIPE), basé à Washington, est en train d’élaborer un code de
bonnes pratiques en matière d’affaires, qui sera publié bientôt et que les
entreprises tunisiennes seront invitées à adopter.


M.M.