[18/04/2008 12:56:20] MADRID (AFP) La galère est terminée pour le groupe espagnol de BTP Sacyr, qui est parvenu à vendre jeudi ses 33,3% du français Eiffage, après avoir tenté pendant deux ans de s’en emparer et s’être retrouvé dangereusement pris dans un guêpier judiciaire monté par le français. “Ce jour, 17 avril, Sacyr Vallehermoso a vendu la totalité des actions qu’il possédait d’Eiffage à un groupe d’investisseurs institutionnels français – acceptés par Eiffage- pour un total de 1,92 milliard d’euros, équivalent à un prix de 62 euros par action”, selon un communiqué de Sacyr transmis par l’autorité espagnole des marchés (CNMV). Cette annonce vient liquider deux ans de conflit, plusieurs empoignades judiciaires, des échanges de noms d’oiseaux, et une gigantesque querelle d’ego entre les patrons des deux groupes. Elle est d’autant plus tonitruante que, quelques heures plus tôt, un des acheteurs annoncés, la Caisse des dépôts (CDC) affirmait qu’il n’y avait aucun accord. Ces acquéreurs institutionnels, dont la plupart étaient déjà présents au capital du français sont la CDC (achetant 10,95%), Groupama (3%) et, selon une source proche du dossier, la Société Générale, Natixis, Crédit Mutuel-CIC, CNP Assurances et BNP Paribas. Ce feuilleton à tiroirs a débuté en 2006 quand Sacyr est devenu premier actionnaire d’Eiffage, le constructeur du viaduc de Millau en France, par achat de titres sur le marché. Par deux fois, au cours d’assemblées générales d’actionnaires tendues, la direction d’Eiffage emmenée par son charismatique patron Jean-François Roverato, qui accusait Sacyr de vouloir s’emparer du groupe à peu de frais, a repoussé les prétentions de Sacyr qui voulait entrer au conseil d’administration. Face à cette opposition et après l’assemblée générale d’avril 2007 de laquelle il était sorti sous les huées, le PDG de Sacyr, Luis del Rivero, emblème de l’essor fantastique des groupes de BTP espagnol ces dernières années, avait annoncé qu’il lancait une offre publique d’échange (OPE). Eiffage voulait lui imposer, avec l’appui de l’autorité française des marchés (AMF), de lancer une offre publique d’achat (OPA), beaucoup plus coûteuse pour le groupe espagnol, déjà lourdement endetté. L’affaire s’est retrouvée devant les tribunaux, prenant toutes les allures d’un inextricable guêpier pour Sacyr, jusqu’au 2 avril, quand la cour d’appel de Paris a rendu un arrêt offrant une porte de sortie honorable à tout le monde, en donnant raison sur le fond à Eiffage et à Sacyr sur la forme. Le groupe espagnol s’est empressé de profiter de la fenêtre de tir offerte pour annoncer dans la nuit du 8 au 9 avril qu’il soldait l’aventure par un accord de vente, à 63 euros par action. Mais ce prix était apparement trop élevé, et après plusieurs jours de flottement, il est redescendu à 62 euros, le prix moyen auquel l’espagnol avait acheté ses titres d’Eiffage fin 2005 et début 2006. Sacyr et Eiffage veulent désormais enterrer la hache de guerre. Ils ont annoncé qu’ils renonçaient à leurs poursuites judiciaires, “dans un souci d’apaisement”, selon les mots d’Eiffage. Ce retrait porte aussi sur une plainte au pénal du français qui a donné lieu à l’ouverture d’une enquête pénale par le Tribunal de Grande Instance de Paris. Dans ce volet, le juge d’instruction Jacques Gazeaux a mis en examen mardi Sacyr et son PDG Luis del Rivero pour “diffusion d’informations fausses ou trompeuses” et “défaut de déclaration de franchissement de seuil” de détention de part de capital. Le retrait de la plainte n’oblige toutefois pas le juge à renoncer automatiquement aux poursuites engagées. |
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