Citigroup va supprimer 9.000 postes, ses dépréciations frôlent 14 milliards

 
 
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Bâtiment de Citigroup à New York, le 11 avril 2007 (Photo : Don Emmert)

[18/04/2008 19:06:05] NEW YORK (AFP) Citigroup a encore subi au premier trimestre une perte massive, due à de colossales dépréciations d’actifs, et va supprimer 9.000 emplois supplémentaires, mais le marché a préféré considérer que ce grand nettoyage signifiait que le pire de la crise était désormais passé.

La banque américaine, symbole des excès de la crise du “subprime”, a annoncé vendredi une perte nette de 5,1 milliards de dollars au premier trimestre, contre un bénéfice de 5 milliards un an plus tôt. Ces pertes ont été provoquées par des dépréciations de près de 14 milliards de dollars.

Si la perte nette était plus lourde que ne le prévoyait les analystes, à 1,02 dollar par action, les dépréciations étaient finalement moins catastrophiques que ne le craignaient les plus pessimistes, et vers 15H30 le titre Citigroup grimpait de 6,86%, à 25,67 dollars.

Citigroup devient pourtant la banque américaine la plus touchée par la crise du crédit hypothécaire “subprime”, avec des dépréciations totales depuis cet automne de près de 35 milliards, devançant sa consoeur Merrill Lynch qui a passé par pertes et profits près de 29 milliards de dollars d’actifs.

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Photo, fournie le 12 décembre 2007 par Citigroup, de Vikram Pandit, directeur général du groupe

C’est aussi la 2e banque mondiale la plus touchée, derrière la suisse UBS.

Ses déboires contrastent avec les résultats relativement préservés de ses grandes rivales Goldman Sachs, Morgan Stanley ou JPMorgan, qui ont vu leur bénéfice diminuer en moyenne de moitié au 1er trimestre mais évité le déficit.

Déjà au 4e trimestre 2007, Citigroup avait essuyé des pertes de 10 milliards après avoir apuré son bilan de 18 milliards d’actifs surévalués, une remise à plat qui avait aussi entraîné le départ du PDG, Charles Prince, en novembre.

Au 1er trimestre, son produit net bancaire (équivalent du chiffre d’affaires) a mieux résisté que prévu, avec une baisse de 48%, à 13,2 milliards de dollars.

Les dépréciations ont surtout fait plonger sa division de banque d’investissement, qui a affiché une perte de 5,7 milliards et un produit net bancaire négatif de 4,8 milliards.

Aux dépréciations se sont ajoutés des coûts supplémentaires sur les activités du groupe dans le crédit à la consommation, à hauteur de 3,1 milliards, incluant une provision pour créances douteuses de 1,8 milliard.

Les charges passées sur ces crédits ont ainsi doublé en un an, atteignant 6 milliards, un reflet des difficultés des consommateurs américains surendettés à rembourser leurs emprunts, hypothécaires et autres.

“Nous ne sommes pas heureux de ces résultats”, a commenté le nouveau directeur général, Vikram Pandit.

A l’issue de cette révision sévère, la banque a pu réduire son exposition aux créances hypothécaires “subprime” de mauvaise qualité à 29 milliards contre 37 milliards fin 2007.

Elle a aussi annoncé vendredi des milliers de suppressions d’emplois sur ses pléthoriques effectifs de près de 370.000 salariés.

Le directeur financier, Gary Crittenden, a précisé que la banque supprimerait ce trimestre 9.000 emplois, qui s’ajouteront aux 4.200 emplois déjà disparus au 1er trimestre. En incluant les départs naturels, la réduction d’effectifs sera de 16.000 au premier semestre.

Une annonce qui a confirmé la volonté de Vikram Pandit de resserrer les boulons. Il avait annoncé jeudi qu’il comptait réduire les coûts de la banque de 10% à 20%, un objectif qui a également conforté les marchés vendredi.

Les agences de notation Fitch et Standards and Poor’s ont sanctionné les résultats de Citigroup, Fitch en abaissant la note long terme du groupe de “AA” à “AA-“, et SP indiquant qu’elle aussi pourrait abaisser ses notes.

“L’ampleur potentielle des problèmes de Citigroup sur son portefeuille de clients en banque de détail aux Etats-Unis repousse à 2009, au mieux, un retour à des paramètres financiers satisfaisants”, selon Fitch.

Pour se renflouer, Citigroup a fait appel à des bailleurs de fonds de tous horizons depuis cet automne, notamment dans le Golfe et en Asie, levant près de 35 milliards de dollars, soit grosso modo autant que ses dépréciations.

L’action Citigroup a fondu de plus de 40% depuis novembre.

 18/04/2008 19:06:05 – © 2008 AFP