Les groupes pétroliers doivent repenser leur métier pour survivre, selon Eni

 
 
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A bord d’une plate-forme pétrolière au large du Nigeria, le 5 février 2008 (Photo : Jacques Lhuillery)

[20/04/2008 14:20:08] ROME (AFP) Les compagnies pétrolières internationales doivent “profondément repenser leur métier” pour “survivre” dans le nouveau paysage pétrolier mondial, a estimé dimanche le PDG du groupe pétrolier italien Eni, Paolo Scaroni, lors d’une rencontre sur l’énergie à Rome.

“Dans les années 1970, les compagnies pétrolières internationales contrôlaient près de 75% des réserves pétrolières mondiales et 80% de la production. Aujourd’hui, elles contrôlent seulement 6% des réserves pétrolières et 20% des réserves gazières, 24% de la production de pétrole et 35% de la production de gaz”, le reste étant “aux mains des compagnies nationales”, a constaté M. Scaroni.

Le patron d’Eni s’exprimait devant le Forum international de l’énergie, qui réunit, de dimanche à mardi à Rome, des pays producteurs et consommateurs de pétrole, ainsi que des groupes énergétiques.

“Cela ne signifie pas que les compagnies pétrolières internationales ont perdu totalement leur rôle et sont sur le point de disparaître. Mais cela veut dire qu’elles ont profondément besoin de repenser leur métier afin de survivre et de prospérer dans le nouveau paysage pétrolier et gazier mondial”, a-t-il souligné.

Les compagnies pétrolières doivent s’efforcer de renforcer au maximum leur “savoir-faire technologique” pour développer les “projets difficiles”, d’avoir une approche “plus intégrée” de leur métier, et de travailler sur un horizon de “long terme”, a jugé M. Scaroni.

Les compagnies pétrolières sont prises entre “le marteau et l’enclume: elles doivent répondre aux marchés financiers qui exigent des résultats immédiats de court terme” tout en développant des projets qui, par leur nature, sont “de long terme”, a reconnu le PDG d’Eni.

Cette vision de long terme doit encore être “effectivement +vendue+ à la communauté financière”, a-t-il relevé.

De son côté, le patron du groupe énergétique italien Enel, Fulvio Conti, a estimé devant le Forum que le marché devait donner un “signal clair” de “prix stable de long terme” aux investisseurs, seul moyen pour les compagnies de développer des gisements difficiles et d’accroître leur production. Cela permettrait aussi de “réduire la volatilité des prix” du brut, selon lui.

Un message réitéré par le ministre italien de l’industrie, Pier Luigi Bersani: l’Opep “s’inquiète de la demande, nous nous inquiétons du fait qu’il n’y ait pas suffisamment d’investissements” et les pays consommateurs doivent donc “donner assez de visibilité sur l’évolution de la demande d’ici 15 ans”, a-t-il jugé.

Il a également appelé à de “nouvelles formes de partenariat entre sociétés pétrolières internationales et nationales” pour investir dans le développement de la production.

Quant au PDG de la compagnie anglo-néerlandaise Royal Dutch Shell, Jeroen van der Veer, il a affirmé que les compagnies pétrolières devaient inventer un “nouveau modèle”, basé sur “la technologie” et “la capacité de gérer des projets de grande taille”.

Pour développer ces projets, il faut prendre en compte “bien sûr les prix du pétrole mais aussi la régulation des émissions de carbone, ou le régime de taxation” du pays concerné, a-t-il souligné.

Sur les biocarburants, le PDG de Shell a estimé qu’il y avait “trop d’attente” à leur égard. Les biocarburants “joueront un rôle” mais ne seront qu’un des “composants” énergétiques, selon lui.

 20/04/2008 14:20:08 – © 2008 AFP