Angleterre : la Banque centrale annonce lundi un plan contre la crise financière

 
 
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Le ministre britannique des Finances, Alistair Darling à son arrivée au 10, Downing Street, le 28 janvier 2008 à Londres (Photo : BEN STANSALL)

[20/04/2008 10:41:27] LONDRES (AFP) La Banque d’Angleterre (BoE) annoncera lundi une plan visant à juguler la crise financière, a indiqué dimanche le ministre britannique des Finances, Alistair Darling, tandis que la presse évoquait une injection de 50 milliards de livres (63 milliards d’euros) d’argent frais.

“La Banque d’Angleterre va faire une annonce demain (lundi)”, a indiqué M. Darling sur la chaîne de télévision BBC 1. Le Chancelier de l’Echiquier n’a pas confirmé les chiffres de la presse qui évoque une somme de 50 milliards de livres mais a indiqué que le plan de la BoE viserait “dans les faits à prêter aux banques afin de débloquer la situation”.

L’opération vise à desserrer les conditions du crédit dans le pays, rendues difficiles en raison de la crise des prêts hypothécaires à risque (“subprime”) aux Etats-Unis.

La BBC avait indiqué samedi, citant des sources proches du dossier, que la banque centrale allait racheter aux établissements financiers britanniques pour 50 milliards de livres de crédits immobiliers et les échanger en obligations d’Etat d’une durée d’un an avec possibilité de les proroger jusqu’à un maximum de trois ans.

Si le chiffre de 50 milliards était confirmé, il s’agirait de la plus importante initiative du genre dans l’histoire du pays, selon la BBC.

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Conséquences financières et économiques, au 11 avril 2008, de la crise des “subprime” venue des Etats-Unis (Photo : Laurence Saubadu)

“Nous essayons de dénouer la crise afin que les banques puissent mettre des fonds à disposition dans le système financier britannique… (La BoE) prêtera de l’argent, il faut donc qu’il soit remboursé, et nous prendrons en garantie des obligations mais l’idée sous-jacente est que cela ouvrira le marché”, a expliqué M. Darling.

Qualifiant la crise de “choc inédit depuis des générations”, le responsable a estimé que, sans l’opération de la BoE, “la crise a toutes les chances d’empirer”. “Tandis que si nous le faisons… nous croyons que cela sera une étape essentielle dans nos efforts visant à stabiliser les marchés financiers”, a-t-il ajouté.

La BoE espère que cette injection d’argent frais satisfera les besoins des établissements, assouplissant les conditions de crédit entre eux puis envers les particuliers.

Le “swap” (échange de dettes ou de créances) entre les banques et la BoE visent également à compenser l’effondrement, en août, du marché des obligations adossées à des prêts hypothécaires. Ce dernier avait permis aux établissements britanniques de lever 60 milliards de livres sur le premier semestre 2007. Sa disparition les a ainsi privés d’une importante source de financement, provoquant la hausse du coût du crédit.

Le plan de la BoE répond aux pressions du Trésor en vue d’une opération d’envergure visant à empêcher que la crise financière se transforme en véritable récession.

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La Banque d’Angleterre, dans le centre de Londres, le 10 avril 2008 (Photo : Shaun Curry)

Il a déjà été reproché à la Banque d’Angleterre de ne pas avoir suffisamment aidé les banques britanniques engluées dans la crise du crédit, alors que ses homologues comme la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE) injectaient des centaines de milliards de dollars dans leurs circuits bancaires respectifs.

La situation est particulièrement délicate pour des dizaines de petites “building societies”, des sociétés mutualistes d’épargne qui ont un accès plus restreint au marché que les grandes banques, comme a permis de le souligner une réunion tenue mardi entre le Premier ministre Gordon Brown et les patrons de banques britanniques.

Les “building societies”, qui ont accordé 47% des crédits immobiliers britanniques l’an dernier, ne pourront pas bénéficier directement du plan de la BoE, mais cette dernière espère que l’injection d’argent permettra d’abaisser le taux interbancaire et d’ainsi assouplir les conditions générales du crédit.

 20/04/2008 10:41:27 – © 2008 AFP