Iran : guerre ouverte au gouvernement sur la politique économique

 
 
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Davoud Danesh-Jafari, le 17 février 2008 à Téhéran (Photo : Atta Kenare)

[20/04/2008 12:53:37] TEHERAN (AFP) La guerre est désormais ouverte au sein du gouvernement iranien sur la politique économique et financière alors que la hausse des prix semble de moins en moins contrôlable.

Le ministre de l’Economie, Davoud Danesh-Jafari, dont le limogeage a été annoncé le 9 avril, a expliqué dimanche que son départ était motivé par ces tensions.

Le ministre iranien du Travail, Mohammad Jahromi, a écrit dimanche une lettre ouverte au président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad pour empêcher l’application de mesures annoncées par le directeur de la Banque centrale, Tahmasb Mazaheri, pour contrôler l’inflation et la hausse de la masse monétaire.

La Banque centrale a annoncé jeudi que les taux d’intérêt des prêts bancaires allaient désormais suivre l’inflation, qui a officiellement atteint l’année dernière 18,4%, mais serait plus élevée dans les faits, selon des experts.

“Cette politique n’aide en rien à faire baisser l’inflation mais pousse à une hausse des prix”, a affirmé M. Jahromi dans sa lettre.

Pourtant, le directeur de la Banque centrale, qui a aussi rang de vice-président, a déclaré samedi soir à la télévision d’Etat, que l’application de ces directives “est obligatoire”.

La Banque centrale veut notamment mieux contrôler les banques d’Etat et privées dans l’attribution de prêts pour empêcher la hausse de l’inflation et de la masse monétaire.

Les mises en garde se multiplient en effet sur les risques d’un dérapage de l’inflation au cours de l’année iranienne, qui a commencé le 20 mars.

Dans une interview à l’hebdomadaire Shahrvand Emrouz, M. Danesh-Jafari a critiqué le gouvernement en affirmant que “de nombreux membres du cabinet sont toujours hostiles à la libéralisation de l’économie”.

“J’étais hostile aux politiques qui augmentent la masse monétaire (…) La volonté du gouvernement d’augmenter les dépenses courantes a privé le secteur privé de capitaux”, a-t-il affirmé.

Le président Ahmadinejad a procédé à une injection massive de pétrodollars dans l’économie, qui a nourri la hausse des prix.

Le président Ahmadinejad rend régulièrement responsable de l’inflation les “ennemis de l’intérieur” et les campagnes médiatiques de ses opposants.

Jeudi, il les a accusés de contrôler une mafia économique et de l’empêcher d’appliquer son programme économique. Sans les nommer, Mahmoud Ahmadinejad visait les proches de l’ancien président conservateur, Akbar Hachémi Rafsandjani.

Trois haut responsables religieux iraniens ont publiquement critiqué samedi la politique inflationniste de M. Ahmadinejad.

Enfin, l’ex-président Akbar Hachémi Rafsandjani, qui a conservé un rôle clé au sein du pouvoir, a lancé une mise en garde en affirmant que “la hausse du prix des produits alimentaires touche plus particulièrement les pauvres”.

“Aujourd’hui, les gens dans le monde sont conscients; si l’injustice augmente, ils se révoltent et c’est leur droit car ils n’ont pas d’autres choix”, a déclaré M. Rafsandjani, dont l’hostilité envers le président Ahmadinejad n’est un secret pour personne.

 20/04/2008 12:53:37 – © 2008 AFP