Les campagnes de pub s’accompagnent de sites internet. La communication sur
le web étant devenue incontournable, les entreprises tunisiennes n’hésitent
plus longtemps à «se mettre en ligne». Cela, nous l’avons déjà dit. Mais un
problème demeure. Le manque flagrant de contenu. C’est comme si on vous
vendait un livre de 400 pages, dont seulement deux (2) sont imprimées. Des
sites web de quelques dizaines de pages ne contiennent en fait que de quoi
remplir la moitié d’une carte postale. Les informations sont au mieux
approximatives, au pire, complètement inexistantes. Or la communication,
même sur le web, doit respecter certaines règles. Pour donner une image
positive de l’entreprise, encore faut-il qu’il y ait un minimum de contenu.
Et visiblement, le Tunisien a un problème avec l’écriture.
Un problème qui, a priori, n’a rien à voir avec l’informatique. Parce qu’à
la base de toute communication, il y a quand même des mots. Une évidence.
Mais au-delà des slogans, les campagnes les mieux ficelées, et les blogs que
l’on nous vend à coup d’intenses matraquages publicitaires paraissent
généralement totalement dénués d’informations. Et quand par miracle ils en
recèlent, les fautes d’orthographe pullulent. De quoi froisser durablement
une image de marque. Des agences de la place, parmi les plus réputées, se
sont ainsi autoproclamées spécialistes des «compagnes» publicitaires et du
webmarketing. ‘’Compagne’’, donc. Et non campagne, pour un fiasco annoncé en
rase… campagne.
Heureusement que la mode est au langage sms. Entendez par là ces
onomatopées, style waaaaaah, ouaou, et consorts. Mâtinées d’un francarabe
pas toujours du meilleur goût. Les chiffres (arabes) pour mixer les
alphabets et exprimer des consonances bien de chez nous peuvent pourtant
constituer une option intéressante. Notamment quand il s’agit de coller à
l’environnement des populations ciblées. Cela fait jeune, paraît-il.
Pourquoi pas. Mais les entreprises présentes sur le web tunisien ne ciblent
pourtant pas toutes des adolescents pré-pubères.
Un site web digne de ce nom n’est pas uniquement conçu par des
informaticiens, et autres spécialistes des nouvelles technologies. Il s’agit
(normalement) d’un travail d’équipe, réunissant des graphistes, des
développeurs, mais aussi des rédacteurs. Parce que même à l’ère du tout
numérique, les mots n’ont pas encore été définitivement surclassés. Une
bonne image vaudrait 1000 mots ? Pourquoi pas. A condition quand même que
les quelques mots que l’on n’a pas pu éliminer du paysage, soient
correctement écrits, et aient un sens. Parce qu’aujourd’hui, le web tunisien
ressemble un peu trop souvent aux enseignes de nos boutiques. C’est-à-dire
avec des erreurs récurrentes, et une présentation générale plutôt
approximative.
Dans notre pays, internet touche principalement les élites. Et c’est à elles
que nos sites web sont censés s’adresser. Auraient-elles à ce point renoncé
à lire pour que l’on élimine systématiquement les mots de leur vue ? Encore,
un petit effort. Si les débits proposés par nos fournisseurs d’accès
augmentent un tout petit peu, on pourra peut-être remplacer définitivement
ces textes qui, décidément, nous posent des problèmes, par du son. Notre web
se transformera alors, peut-être, en une immense radio virtuelle pour la
plus grande joie de ceux qui ont des problèmes de lecture. A moins que nos
concepteurs n’aient d’ores et déjà décidé d’éliminer les mots de nos
paysages virtuels. On nous répète à l’envie que «personne ne lit de toute
façon». On voudrait donc nous faire passer pour une population
d’analphabètes. Ce que nient pourtant catégoriquement les chiffres de notre
Education Nationale.
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