Après le lait (délice), le yaourt (Délice-Danone) et les boissons gazeuses
(Virgin), Mohamed (dit Hamdi) Meddeb s’attaque au fromage. En effet, le
patron du groupe Délice vient de créer une société de production de fromage
et autres dérivés du lait, baptisée «La Compagnie Fromagère SA » et dotée
d’un capital de 2,1 millions de dinars. Cette initiative peut surprendre,
voire sembler hasardeuse en raison de l’apparent «embouteillage » du secteur
fromager où l’on compte déjà une quarantaine d’unités industrielles
opérationnelles. En réalité, Hamdi Meddeb a une nouvelle opportunité non
seulement de s’aménager une petite place au soleil, mais de s’imposer dans
un secteur d’activité tout à fait «prenable». Car, à l’exception de quelques
branches, comme le fromage fondu, solidement occupés par certaines marques,
ce secteur est loin d’avoir le niveau de qualité et d’offrir un rapport qualité-prix qui le mettrait hors de porté de nouveaux investisseurs.
De fait, l’industrie du fromage est l’une de celles qui ont le moins profité
du programme de mise à niveau. Même si la qualité des fromages tunisiens
s’est sensiblement améliorée, elle est encore en deçà des standards
internationaux. Cela est notamment vrai du fromage à pâte pressée non-cuite
–celui que nous autres tunisiens appelons fromage «rouge » (en fait la
couleur de sa croûte). Vendu plus cher que les produits importés, ces
fromages tunisiens sont de qualité sensiblement inférieure.
Mais à supposer qu’il soit confronté à une forte concurrence, Hamdi Meddeb
s’est donnée les moyens d’y faire face et même de s’imposer. En effet, le
patron
de la Centrale Laitière du Cap Bon (CLC) et de la Société Tunisienne
d’Industrie Alimentaire (Délice-Danone), leaders dans le lait et le yaourt
avec respectivement 45% et 65% de part de marché, s’est bien armé pour cela,
en s’associant au français «Bongrain».
Un des plus importants transformateurs de lait au monde, ce groupe, créé en
1956, qui se proclame comme «leader européen et mondial de la transformation
de lait », produit du yaourt, des conserves, des aliments destinés à la
restauration, etc., mais est surtout connu pour ses fromages –dont, en
particulier, le célébrissime «Caprice des Dieux »- qui représentent plus de
62% de son chiffre d’affaires –réalisé à hauteur de 62% hors de France.
Confiné durant les vingt premières années au seul marché français, Bongrain
a entrepris de s’internationaliser à partir de 1975. Une trentaine d’années
plus tard, le groupe, qui emploie plus de 16000 personnes, dispose de près
de 90 unités industrielles dans une vingtaine de pays d’Afrique (le Maroc et
l’Egypte), d’Europe, d’Amérique et d’Asie.
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