[21/04/2008 15:40:44] PARIS (AFP) La bataille de la fibre optique est déclarée entre France Télécom et ses concurrents Free et Neuf Cegetel qui, comme l’association de consommateurs UFC, reprochent à l’opérateur historique de “bloquer la concurrence” dans ce secteur clé de l’internet très haut débit. Selon l’UFC-Que Choisir, Orange “déploie beaucoup d’énergie pour gêner ses concurrents” et “bloquer la concurrence” dans sa manière d’implanter son réseau, une affirmation que conteste l’intéressé. Neuf Cegetel a lui aussi dénoncé lundi les pratiques “non suffisamment concurrentielles” d’Orange, lors de son assemblée générale. Interrogé par l’AFP, Free s’en est pris également à un “acteur monopolistique”. Excédés, les deux fournisseurs d’accès, longtemps en froid, ont surmonté leurs divergences pour effectuer des tests afin de voir s’ils pouvaient partager leurs réseaux dans les immeubles, un point crucial dans la mise en place de la fibre optique. En France, les principaux opérateurs de télécoms –Orange, Free ou Neuf Cegetel– avancent leurs pions pour installer leur réseau. L’objectif est d’équiper les immeubles jusqu’au domicile de l’abonné. Celui-ci disposera d’accès internet avec des débits bien supérieurs à l’ADSL (internet haut débit par téléphone). Avec au moins du 100 Mbits/s, il bénéficiera de nouveaux services comme la TV haute définition ou la vidéo à la demande. Ce chantier, qui représente selon l’Autorité de régulation (l’Arcep) l’équivalent du déploiement du téléphone dans les années 1970, devrait coûter au moins 1 milliard d’euros par an pendant les dix prochaines années. Les investissements sont si faramineux que l’Autorité veut réguler ce secteur pour y organiser au mieux la concurrence, comme elle l’a fait pour l’ADSL. Une première étape a été franchie avec Orange qui a dû, bon gré mal gré, ouvrir ses tranchées pour que ses concurrents y passent leur propre fibre.
Il s’agit maintenant d’organiser la mutualisation, c’est-à-dire le partage de la fibre optique, à l’intérieur des immeubles, l’objectif étant que chaque foyer puisse s’abonner à l’opérateur de son choix. La polémique actuelle porte sur l’endroit où les opérateurs viendront se connecter au réseau de celui qui a équipé l’immeuble en premier. France Télécom veut implanter ces “points de mutualisation” en pied d’immeuble, une proposition refusée par l’Arcep et ses concurrents qui ne disposent pas du personnel nécessaire pour un tel chantier et préfèrent un accès plus en amont qui desservirait plusieurs immeubles. Le directeur exécutif de France Télécom en charge de la réglementation, Jacques Champeaux, dénonce ces “contre-vérités”, en expliquant à l’AFP que l’opérateur utilise des sous-traitants pour câbler les immeubles. Aux concurrents qui reprochent aussi à France Télécom de ne pas avoir accès aux boîtiers déjà installés dans les immeubles, M. Champeaux répond que les conventions avec les syndics autorisent également les concurrents à pénétrer dans l’immeuble. Autre source de discorde: Orange refuse de donner les adresses des immeubles qu’il a raccordés, ce que reconnaît l’opérateur selon lequel “il n’y a pas de processus formel d’échange d’informations”. Le projet de loi de modernisation de l’économie, attendu fin avril, prévoit le pré-câblage des logements neufs et, pour les immeubles existants, un dispositif inspiré du “droit à l’antenne” pour faciliter l’accès à la fibre. Mais la réglementation risque d’être longue à être mise en place. |
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