Le prix du pétrole s’envole, la demande résiste, les producteurs aux anges

 
 
photo_1208790646394-1-1.jpg
Une plateforme pétrolière en Mer du Nord, le 14 juin 2001 (Photo : Oyving Hagen)

[21/04/2008 15:15:43] ROME (AFP) Les producteurs de pétrole ne cachent pas leur satisfaction face à l’envolée du prix du baril qui, contrairement à leurs craintes, ne réduit pas pour l’instant la demande, toujours tirée par les pays émergents.

Les prix du baril de brut, qui ont quintuplé depuis 2002 et ont encore établi un nouveau record, atteignant plus de 117 dollars lundi, semblent devoir rester élevés, même très élevés, pour longtemps.

Ils devraient se maintenir “au moins à 90 dollars”, a estimé lundi le ministre vénézuélien du Pétrole Rafael Ramirez, en marge du Forum international de l’énergie, qui réunit de dimanche à mardi à Rome des pays producteurs et consommateurs de pétrole.

Le Fonds monétaire international (FMI) s’attend même à ce que le baril vale autour de 95 dollars en 2009.

Une opinion largement partagée au sein de la communauté pétrolière, en particulier par le patron du groupe italien d’énergie Enel, Fulvio Conti.

Le ministre iranien du Pétrole, Gholamhossein Nozari, a lui répété, comme le président Mahmoud Ahmadinejad, que les prix du pétrole n’étaient “pas trop élevés”.

Si cette flambée génère une forte inflation mondiale et pèse sur la croissance, affectant en particulier les pays les plus pauvres, elle est une aubaine pour les pays producteurs.

La hausse des prix du pétrole va tirer la croissance économique annuelle du Moyen-Orient et de l’Afrique, qui sera de respectivement 6,1% et 6,3%, a ainsi affirmé lundi devant le Forum le numéro deux du FMI, John Lipsky.

Elle représente également une manne pour un pays comme le Venezuela, dont le gouvernement table sur “9 milliards de dollars” de recettes supplémentaires grâce à un nouvel impôt sur les revenus pétroliers, a indiqué M. Ramirez.

Le président de la compagnie nationale libyenne de Pétrole, Choukri Ghanem, qui tient lieu de ministre, a de son côté jugé que les prix allaient “continuer à monter” et n’a pas caché son contentement. “Je suis heureux avec des prix élevés”, a-t-il reconnu, d’autant qu’il ne s’attend pas à ce que ces prix pèsent beaucoup sur la demande.

photo_1208790560030-1-1.jpg
Le directeur général de l’Agence internationale de l’Energie, Nobuo Tanaka, le 21 avril 2008 à Rome (Photo : Filippo Monteforte)

Le constat est partagé par l’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui représente les intérêts énergétiques des pays consommateurs. “Même avec des prix élevés, la demande continue d’augmenter”, a relevé son directeur, Nobuo Tanaka, au cours d’une conférence de presse.

“Le prix du pétrole ne peut pas baisser” parce que “les coûts de production ont augmenté”, a expliqué le ministre vénézuélien.

Le ministre qatari de l’Energie, Abdallah al-Attiyah, se réjouit toutefois moins de l’envolée des prix.

“Nous sommes confrontés à beaucoup de difficultés”, en particulier à “d’énormes coûts”, a-t-il fait valoir.

La hausse des coûts s’explique notamment par “la faiblesse du dollar, l’inflation, le coût des forages, la pénurie de personnel”, a noté le ministre.

Les autres pays du Golfe, notamment l’Arabie saoudite, partagent les réserves du Qatari face à l’envolée des prix et à son impact potentiel sur la demande.

“Nous n’aimons pas voir les prix à ces niveaux”, a dit dimanche une source du Golfe à l’AFP.

Côté consommateurs, le pétrole cher peut être un moyen de les détourner des hydrocarbures, grands émetteurs de gaz à effet de serre.

“Des prix élevés poussent certainement les gens à moins consommer et aussi à investir dans des (sources d’énergie) alternatives” au pétrole, a reconnu M. Tanaka.

Il a jugé que les prix du pétrole étaient notamment “trop élevés” pour les pays en développement, déjà confrontés à une flambée des coûts des produits agricoles.

 21/04/2008 15:15:43 – © 2008 AFP