[21/04/2008 16:04:36] ACCRA (AFP) Rendre l’Afrique plus prospère était lundi au menu de la 12e Conférence de l’ONU sur le commerce et le développement (CNUCED) à Accra, où le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-Moon a estimé que la crise actuelle rendait nettement plus difficile la réduction de la pauvreté sur le continent. “De nombreux pays décrochent. L’Afrique sub-saharienne est en danger, pas un seul pays de la région n’est en ligne avec les Objectifs de développement du millénaire pour 2015”, a averti M. Ban, qui s’exprimait paradoxalement sur le thème “Maîtriser le commerce et le développement pour rendre l’Afrique plus prospère”. L’ONU a pour objectif la réduction de moitié de la pauvreté en Afrique d’ici 2015. Selon la Banque Mondiale (BM), cette ambition risque d’être retardée de sept ans si la hausse des prix alimentaires se poursuit. “Je demande à tout le monde de prendre des décisions courageuses pour assurer l’avenir des plus pauvres parmi les pauvres, avec une priorité aux femmes et aux enfants”, a lancé le patron de l’ONU. “Les prix élevés (des produits alimentaires de base, ndlr) menacent de faire perdre les avancées obtenues jusque-là dans la lutte contre la faim et la malnutrition”, a encore averti Ban Ki-Moon lundi. Le secrétaire général a également lancé un double appel: aux pays africains qui bénéficient de l’envolée des prix des matières premières, notamment les producteurs de pétrole, auxquels il demande d’accroître leurs dépenses d’investissement, et aux donateurs internationaux de tenir leurs engagements de financement.
Les pays développés du G8 ont bien réaffirmé le 6 avril à Tokyo leur engagement à augmenter leur aide aux pays pauvres, mais l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) en doute: en 2007, l’aide au développement octroyée par 22 pays riches aux pays pauvres avait baissé de 8,4%. Comme il l’avait déjà fait dimanche, tout comme le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, M. Ban a une nouvelle fois appelé les nations riches à faire plus pour réduire leurs subventions agricoles aux producteurs et à l’exportation, afin de parvenir à un accord dans les négociations dites du cycle de Doha de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). La réunion d’Accra se déroule alors que ces négociations du cycle de Doha sont toujours bloquées en raison d’un affrontement Nord-Sud à propos précisément du commerce des produits agricoles. “Il est temps pour les nations les plus riches de repenser leurs programmes démodés de subventions agricoles. Elles pénalisent de façon disproportionnée les pays pauvres et contribuent à l’urgence actuelle”, avait-il plaidé dimanche. Dans le même sens, le directeur général du Fonds monétaire internation (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a estimé dans une tribune publiée lundi dans le Financial Times que la conclusion du cycle de Doha permettrait de lutter contre la hausse des prix agricoles. Parlant de “sérieux problème humanitaire” qui nécessite une réponse “audacieuse”, M. Strauss-Kahn a assuré que le FMI “fournira un soutien financier rapide” car “nous avons une responsabilité morale de remettre de la nourriture entre les mains des gens pauvres”. “Quelles sont les options pour améliorer les systèmes monétaire et financier internationaux et ainsi éviter de futures crises? Comment acquérir les capacités commerciales et de production nécessaires à la compétition mondiale? Le boum des prix des matières premières peut-il créer plus d’emplois?” Autant de questions que doivent aborder dans ce contexte morose les participants pendant encore quatre jours. |
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