[21/04/2008 16:32:06] NEW YORK (AFP) Bank of America, première banque de détail aux Etats-Unis, a vu son bénéfice trimestriel chuter de 77% sous l’effet de la multiplication des impayés, et avertit que la crise durera au moins juqu’à la fin de l’année, une douche froide pour ceux qui voulaient croire que la crise est passée. La banque a annoncé lundi des résultats décevants au premier trimestre, avec un bénéfice net ramené à 1,21 milliard de dollars, soit 23 cents par action, contre 41 cents attendus par les analystes. Son produit net bancaire a baissé de 5% à 17,3 milliards de dollars. Sur ces trois mois, le groupe a accru de 3,3 milliards de dollars ses provisions pour créances douteuses, surtout en raison d’impayés chez les PME et les emprunteurs immobiliers, et prévenu que le marasme allait durer. La banque a aussi essuyé des pertes dans son activité de courtage de 1,3 milliard, dues à des dépréciations de 1,9 milliard dans les titres adossés à des créances (CDO) et dans les prêts à effet de levier. Au 4e trimestre, Bank of America avait déjà passé des dépréciations de 5,28 milliards sur ses CDO. “Ces résultats n’ont clairement pas répondu à nos attentes”, a déclaré le PDG Kenneth Lewis, cité dans un communiqué. “La faiblesse de l’économie et la crise prolongée sur les marchés financiers ont pesé sur nos résultats.” “Nous restons inquiets quant à la santé de la consommation, étant donné la baisse prolongée des marchés immobiliers, les problèmes des crédits +subprime+, la situation de l’emploi et la hausse des prix du carburant et de l’alimentation”, a reconnu M. Lewis. Dans cette crise “très dépendante de la chute des prix immobiliers”, “nous ne sommes pas dans les dernières semaines, il y a au moins encore le reste de l’année à passer”, a-t-il insisté lors d’une conférence téléphonique. Dans la banque de détail, malgré une hausse des dépôts de 11%, le bénéfice net a chuté de 59% à 1,09 milliard, et dans la banque d’investissement le bénéfice a quasi disparu, ramené à 115 millions contre 1,47 milliard un an plus tôt. Dans la gestion de fortune, le bénéfice a baissé de 54% à 228 millions. Le groupe a vu les défauts de paiements de toutes sortes se multiplier ces derniers mois. Ses pertes nettes sur les créances détenues en portefeuille ont atteint 1,25%, contre 0,91% au 4e trimestre, dont 1,71% dans les prêts hypothécaires et 5,19% dans les cartes de crédit, a souligné la Deutsche Bank. Globalement, ses provisions pour créances douteuses atteignent 1,71% de son encours. Ces revers ont été un peu atténués par une plus-value de 776 millions encaissée lors de l’entrée en Bourse du groupe Visa (cartes de crédit). En outre, selon la presse, Bank of America négocie la vente à la banque française BNP Paribas de ses services aux fonds spéculatifs, et étudierait la vente d’une partie de ses 9% dans la banque chinoise China Construction Bank (CCB), qui vaut aujourd’hui 16,7 milliards. Mais M. Lewis n’en a dit mot aux analystes. La banque a confirmé qu’elle comptait mener à bien son rachat du numéro un du crédit hypothécaire aux Etats-Unis, Countrywide, annoncé début janvier. Réagissant à ces résultats, l’agence d’évaluation financière Moody’s a abaissé la note du groupe d’un cran, “étant donné l’environnement difficile, les perspectives de résultats plus faibles et une lourde charge de dividende”. Moody’s a relevé que la banque avait levé 13 milliards de dollars de capitaux frais en janvier 2008. Le pessimisme des dirigeants de Bank of America vient après l’annonce de lourdes pertes de la part de ses grandes concurrentes à réseau national. En fin de matinée, le titre Bank of America chutait de 2,07% et plombait tout Wall Street. |
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