Chine : l’appel au boycottage des groupes français devrait avoir peu d’impact

 
 
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Des clients quittent un magasin Carrefour de Shanghai, le 15 avril 2008 (Photo : Mark Ralston)

[21/04/2008 16:48:15] PARIS (AFP) Les appels au boycottage des entreprises françaises en Chine devraient avoir un impact limité sur leurs ventes, et pourraient affecter davantage les produits de luxe que Carrefour, principale cible des manifestations actuelles, selon des économistes.

Dès les premières manifestations visant le groupe de distribution français, son patron, José Luis Duran, a indiqué qu’il prenait la situation “très au sérieux”, même s’il ne notait pas “d’impact significatif sur le chiffre d’affaires” de ses 112 hypermarchés en Chine.

Contacté par l’AFP, Carrefour n’a pas souhaité réagir aux nouvelles manifestations dont il a été la cible lundi, réunissant plusieurs milliers de personnes devant certains de ses magasins.

Mais selon Françoise Nicolas, économiste à l’Institut français des relations internationales (Ifri), un boycottage de Carrefour ne peut avoir qu’un impact limité car il n’a “aucun sens”.

“Je comprends qu’on vise une enseigne bleu-blanc-rouge, mais un Carrefour chinois, ça ressemble d’assez loin à un Carrefour français: les trois quarts des produits vendus sont chinois, les employés sont chinois”, estime-t-elle.

Le numéro deux mondial de la distribution emploie 44.000 personnes en Chine et y compte, outre ses hypermarchés, 280 enseignes hard discount, pour deux millions de clients par jour. Il a réalisé dans le pays un chiffre d’affaires de 30 milliards de yuans (près de 2,9 milliards d’euros) en 2007.

Bien implanté, le distributeur est sur le long terme “assuré d’avoir une bonne position sur le marché chinois”, assure Françoise Lemoine, économiste au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii) car cela dépend plus “de sa capacité à s’insérer dans le tissu industriel chinois” qu’aux “phénomènes politiques”.

Quant à son concurrent Auchan, qui a ouvert 20 hypermarchés en Chine depuis 1999, il assure n’avoir observé aucune manifestation visant ses enseignes, même si un porte-parole a reconnu à l’AFP que le nom du distributeur était cité sur certains blogs.

Pour Mme Nicolas, il y a davantage un risque d’impact négatif sur “des produits français clairement identifiables, comme les produits de luxe, mais il reste relativement marginal”.

Interrogé par l’AFP, le Comité Colbert, qui rassemble 70 maisons de luxe françaises, s’est dit lundi “extrêmement vigilant”, même si aucune retombée négative n’a été observée “pour le moment”.

“Nous sommes d’autant plus vigilants que la Chine représente un pôle de développement important pour notre industrie”, fortement exportatrice, a souligné Elisabeth Ponsolle-Desportes, déléguée générale du Comité.

Selon elle, la Chine représente en moyenne 3 à 6% du chiffre d’affaires total de ses membres, qui s’élève à 22 milliard d’euros, mais ce marché progresse chaque année de 20 à 40%.

Dans un entretien au Figaro jeudi, le PDG du géant du luxe LVMH, Bernard Arnaut, a estimé qu’un boycottage, évoqué après le fiasco du passage de la flamme olympique à Paris, le 7 avril, aurait des conséquences “très limitées” sur ses ventes.

Egalement rassurants, les groupes de spiritueux Pernod-Ricard et Rémy Cointreau ont indiqué ne pas avoir connaissance de boycottage de leurs produits, alors que les exportations françaises dans ce secteur ont progressé de 146% en 2007, atteignant 247 millions d’euros.

De fait, pour Mme Lemoine, si le boycottage “affecte quelques groupes pendant quelques semaines, ça n’affecte pas la tendance générale, car le commerce ou les investissements ne répondent pas à des facteurs politiques”.

 21/04/2008 16:48:15 – © 2008 AFP