[22/04/2008 18:55:42] LONDRES (AFP) Le Programme alimentaire mondial (PAM) a appelé à une mobilisation internationale contre le “tsunami silencieux” que constitue selon lui la crise alimentaire mondiale, au coeur d’un mini-sommet mardi à Londres à l’invitation du Premier ministre Gordon Brown. A l’issue de cette rencontre avec le PAM et plusieurs organisations internationales, le gouvernement britannique s’est engagé à travailler avec le G8 à une solution à la crise alimentaire et à revoir sa politique en faveur des biocarburants. L’envolée des prix des produits alimentaires constitue le plus gros défi de l’histoire du PAM, depuis sa création en 1963, un “tsunami silencieux” qui menace d’entraîner dans la famine des dizaines de millions de personnes supplémentaires, a estimé l’organisation. “Le monde a consommé plus qu’il n’a produit ces trois dernières années”, a constaté la directrice du PAM, Josette Sheeran, au cours d’une conférence de presse. Le PAM évalue à 55% l’augmentation des prix des produits alimentaires depuis juin 2007. “Il est important que le monde réalise l’importance de l’agriculture et de la chaîne agroalimentaire et combien il est vital d’y mettre le même genre d’investissements que dans la science ou la technologie”, a-t-elle ajouté.
Le PAM a la semaine passée demandé aux pays donateurs de fournir 756 millions de dollars (476 millions d’euros) supplémentaires pour affronter la pénurie de produits alimentaires et la hausse du prix des denrées. En réponse directe, le ministère britannique du Développement international a annoncé mardi qu’il dégageait une aide de 30 millions de livres (37 millions d’euros). Il a également confirmé le déblocage de 400 millions de livres (502 millions d’euros) sur cinq ans pour l’aide à l’agriculture locale dans les pays pauvres, et 25 millions de livres (31 millions d’euros) pour les revenus les plus faibles en Ethiopie. La Commission européenne s’est de son côté engagée mardi à apporter une nouvelle aide alimentaire de 117,25 millions d’euros aux victimes de la flambée des prix, portant à 283,25 millions l’aide totale promise jusqu’en 2008. Mme Sheeran a ensuite participé à un mini-sommet qui a réuni en fin d’après-midi à Downing Street quelque 25 personnes, dont le ministre de l’Agriculture Hilary Benn, son collègue du développement international Douglas Alexander et divers experts ou responsables d’ONG. A l’issue de cette réunion Downing Street s’est engagé notamment, selon un communiqué, à “travailler avec le G8 à une stratégie internationale”, et à “revoir son approche sur les biocarburants”, qui contribuent à la hausse des prix alimentaires alors qu’une partie croissante de la production agricole est affectée à la hausse de la production d’énergie. Londres veut également “obtenir un accord à l’OMC comprenant un volet +aide contre commerce+ important pour aider à renforcer les capacités des pays les plus pauvres”. Le gouvernement japonais a confirmé mardi qu’il souhaitait saisir le G8 ainsi que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) de cette question de la hausse des prix des aliments. La responsable du PAM a jugé que l’urgence était telle que la communauté internationale devait fournir une réponse de la même ampleur que celle apportée après le tsunami de 2004 dans l’océan Indien, qui avait fait 220.000 morts. Elle a appelé de ses voeux “une action à haut niveau et sur une large échelle de la communauté internationale, centrée sur des solutions d’urgence et à long terme”. Le PAM a souligné que ses propres estimations corroboraient les conclusions de la Banque mondiale, qui considère que le doublement des prix alimentaires ces trois dernières années risque d’aggraver la pauvreté de pas moins de 100 millions d’Africains des pays à bas revenus. |
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