Alitalia au bord du précipice après l’abandon d’Air France-KLM

 
 
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Deux avions d’Alitalia et Air France le 21 décembre 2007 sur le tarmac de l’aéroport Fiumicino à Rome (Photo : Andreas Solaro)

[22/04/2008 18:15:30] ROME (AFP) Alitalia a plongé dans l’inconnu mardi après le retrait de l’offre de rachat d’Air France-KLM qui rapproche inexorablement la compagnie d’une procédure de mise sous tutelle, avec à la clé une possible faillite.

L’abandon d’Air France-KLM met les autorités italiennes dans l’embarras, alors que Romano Prodi gère les affaires courantes avant l’arrivée aux commandes de Silvio Berlusconi, attendue pour la mi-mai.

Le titre Alitalia a été suspendu à la Bourse de Milan dans l’attente d’un communiqué et tous les regards se tournent vers le gouvernement sortant, chargé de gérer la part de 49,9% qu’il détient dans la société.

M. Prodi a réuni dès mardi ses principaux ministres chargés du dossier, notamment celui des Finances, Tommaso Padoa-Schioppa, et des Transports, Alessandro Bianchi.

Un conseil des ministres doit avoir lieu à 18H30 (16H30 GMT), selon un communiqué officiel.

Il pourrait octroyer un prêt d’urgence à la compagnie italienne, la presse évoquant 100 à 200 millions d’euros, ou la placer sous tutelle avec la nomination d’un commissaire extraordinaire chargé d’évaluer une possible restructuration ou de la mettre en faillite.

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Romano Prodi le 15 avril 2008 à l’aéroport Fiumicino de Rome (Photo : Tiziana Fabi)

Avant toute décision, M. Prodi veut s’assurer du soutien du nouveau pouvoir, refusant que la gauche assume seule une éventuelle faillite, selon la presse.

“Il faut donner au nouveau gouvernement du temps pour qu’il prenne en mains le dossier”, a déclaré Altero Matteoli, responsable du Parti de la liberté (PDL) de Silvio Berlusconi et pressenti comme futur ministre des Infrastructures.

Une telle déclaration va dans le sens d’un appui du PDL à l’octroi d’un prêt-relais qui pourrait cependant être considéré comme une aide d’Etat par Bruxelles.

La Commission européenne a rappelé qu’Alitalia ne peut plus bénéficier d’une telle aide jusqu’en 2011 car elle en avait déjà obtenu dans le passé, les dernières remontant à 2001.

La compagnie est aussi sous pression de l’autorité italienne de l’aviation civile Enac qui demande d’urgence des garanties sur sa solvabilité, sous peine de lui retirer sa licence.

Les syndicats réclament aussi une aide d’urgence afin d’obtenir un nouveau délai pour trouver un repreneur.

“La continuité de l’activité est un impératif”, a souligné mardi le secrétaire général de la Cgil (gauche), Guglielmo Epifani.

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Un employé d’Alitalia le 15 avril 2008 à l’aéroport Fiumicino à Rome (Photo : Tiziana Fabi)

“Nous espérons un prêt aux conditions de marché qui permette d’attendre l’arrivée du nouveau gouvernement et d’obtenir 6 à 9 mois de délai pour trouver un repreneur”, a renchéri le vice-président du syndicat des pilotes Anpac, Stefano De Carlo, à l’AFP.

La rupture avec la compagnie franco-néerlandaise laisse Alitalia sans solution de secours dans l’immédiat.

Silvio Berlusconi a assuré pendant toute la campagne électorale qu’il disposait d’un groupe d’entrepreneurs italiens prêts à mettre la main au portefeuille, mais le projet ne s’est toujours pas concrétisé.

Il a aussi évoqué une reprise des contacts avec la compagnie russe Aeroflot, qui s’était retirée en novembre de la course pour la privatisation d’Alitalia.

Aeroflot a confirmé mardi qu’elle allait reprendre ces contacts sur ordre du président Vladimir Poutine, selon l’adjoint du directeur de la compagnie Lev Kochliakov.

Alitalia disposait fin mars de ressources financières d’environ 170 millions d’euros et a récupéré 69 millions d’euros de crédit d’impôts début avril.

 22/04/2008 18:15:30 – © 2008 AFP