[22/04/2008 17:30:24] LONDRES (AFP) La deuxième banque britannique, Royal Bank of Scotland (RBS), a lancé mardi la plus grosse augmentation de capital de l’histoire du Royaume-Uni, pour se renforcer après l’acquisition très coûteuse d’ABN Amro et de lourdes dépréciations liées à la crise du crédit, une opération embarrassante pour son patron Fred Goodwin. RBS a expliqué qu’elle allait émettre pour 12 milliards de livres (15 milliards d’euros) d’actions nouvelles, un montant record pour une entreprise britannique, et près du triple de celui levé par la banque française Société Générale en début d’année. La banque écossaise, née en 1727, et qui revendique l’invention du concept de découvert, va également récupérer 4 milliards de livres d’ici la fin de l’année via des cessions, dont celle totale ou partielle de ses activités d’assurance. Le groupe a justifié sa levée de fonds massive –entièrement garantie par de grandes banques d’affaires– par le retournement des marchés financiers et la crise du crédit, mais il a dû également reconnaître avoir acheté la banque néerlandaise ABN Amro à un prix très élevé, juste avant que la crise financière ne fasse fondre sa valeur. De plus, RBS a accru au passage sa présence dans des domaines aujourd’hui en plein coeur de la tourmente financière.
RBS avait acquis ABN Amro l’an dernier pour 71 milliards d’euros, ce qui constitue la plus grosse acquisition de l’histoire du secteur bancaire, dans le cadre d’un consortium avec les banques belgo-néerlandaise Fortis et espagnole Santander. “En comparaison des valorisations actuelles, nous avons payé un prix très élevé. Nous avons également augmenté notre exposition à des marchés à un moment qui s’est avéré être très malencontreux”, a admis le président, Tom McKillop. RBS va d’ailleurs devoir essuyer 5,9 milliards de livres avant impôts de dépréciations supplémentaires cette année, après 2,5 milliards en 2007. Sur ce nouveau montant, environ un tiers est lié à des activités héritées d’ABN Amro. M. McKillop a néanmoins réaffirmé son soutien au directeur général Fred Goodwin, principal artisan du rachat d’ABN Amro, accusé par certains investisseurs d’avoir eu les yeux plus gros que le ventre en se lançant à l’époque dans une surenchère avec la banque britannique rivale Barclays. L’agence Thomson Financial News a même rapporté que M. Goodwin aurait présenté sa démission au CA, qui l’aurait refusée. “Le conseil d’administration de RBS a pleine confiance dans l’équipe de direction”, a au contraire affirmé un communiqué du groupe.
Selon la presse britannique, plusieurs grands actionnaires sont “furieux” de l’augmentation de capital, alors que M. Goodwin avait très clairement exclu d’y recourir lors de l’acquisition et assurait encore en février que la banque était correctement capitalisée. Mais il semble toujours le mieux qualifié pour piloter l’intégration d’ABN Amro, un processus complexe puisqu’il doit passer par le partage de ses activités avec les deux autres membres du consortium. M. Goodwin, aux commandes depuis 1998, avait en effet déjà été à l’origine du rachat de la banque NatWest en 2000, un coup de maître qui avait propulsé la banque d’Edimbourg dans l’élite de la finance mondiale. Le groupe s’est par ailleurs voulu rassurant pour son avenir, affirmant que la plupart de ses activités continuaient à bien se porter, et que les synergies tirées d’ABN Amro étaient conformes à ses plans. Une fois l’augmentation de capital bouclée, il se dit en position de “tirer profit de ses activités tant en Grande-Bretagne qu’à l’international” et de “saisir ses opportunités de croissance”. RBS a également l’intention de maintenir le niveau de distribution de dividendes (45% des bénéfices l’an dernier), de quoi aider à calmer ses actionnaires. Mais la Bourse de Londres n’a pas apprécié ces annonces, qui n’ont pas empêché l’agence de notation Fitch de dégrader la note du groupe d’un cran, à “AA”. Le titre RBS a fini en baisse de 3,89% à 358 pence. |
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