[22/04/2008 18:59:04] PARIS (AFP) La Société Générale est mise en cause par deux responsables du bureau de surveillance du marché à terme allemand Eurex, qui ont affirmé mi-avril à la brigade financière avoir adressé à la banque en 2007 de multiples mises en garde sur les prises de position hors norme de Jérôme Kerviel. “Eurex n’est pas un témoin impartial, c’est une société commerciale, protagoniste du dossier, elle a quelque chose à défendre: la recherche de sa responsabilité dans cette affaire”, a répliqué mardi la Société Générale, interrogée par l’AFP. Le responsable du trading surveillance office (TSO), bureau de surveillance du marché de la bourse de Francfort et du marché Eurex (produits dérivés), Michael Zollweg, et l’un des analystes de ce marché à terme, Daniel Kuhlmann, ont été entendu le 10 avril par les policiers de la brigade financière sur commission rogatoire des juges Renaud van Ruymbeke et Françoise Desset. Dans le prolongement de ces auditions, deux cadres supérieurs de la banque ont fourni lundi aux juges la version de la SocGen sur les mises en garde d’Eurex, selon une source proche du dossier. Devant les policiers, MM. Zollweg et Kuhlmann ont détaillé les mises en garde adressées par Eurex à la Société Générale en 2007 à propos des agissements du trader Jérôme Kerviel, soupçonné de falsifications ayant coûté 4,91 milliards d’euros à la banque française. Ils ont notamment affirmé qu’Eurex s’était dès août 2007 inquiété de l’achat exceptionnel de titres réalisé par un trader de la Société Générale et en avait alerté la banque à plusieurs reprises. Après avoir questionné Jérôme Kerviel et s’être satisfaite de ses réponses, la Société Générale avait tenté de rassurer Eurex le 20 novembre 2007 sans toutefois la convaincre. “A dessein, la réponse reprenait des termes inconnus. La Société Générale a volontairement utilisé une terminologie que nous ne comprenions pas”, a expliqué M. Zollweg, selon le Canard enchaîné à paraître mercredi. Relancée le 26 novembre par Eurex, la SocGen lui a proposé par courrier, le 10 décembre, “de lui fournir toutes explications complémentaires souhaitées, offre à laquelle Eurex n’a pas donné suite”, a affirmé mardi la banque à l’AFP. Ce qui n’a pas satisfait Eurex. C’est une opération réalisée par Kerviel le 19 octobre 2007 qui a plus particulièrement attiré l’attention des agents d’Eurex. Ce jour-là, il avait négocié 6.000 futures (contrats à terme) pour un montant d’1 milliard d’euros, selon les personnes auditionnées. Les huit traders du desk Delta One de la SocGen, sur lequel travaillait Kerviel, disposaient d’un plafond total de prises de position de 125 millions d’euros. Un courrier d’Eurex du 7 novembre aboutit au service “Compliance” (contrôle interne), avec copie au supérieur hiérarchique direct de Kerviel. Les explications fournies par le trader vont alors satisfaire ses supérieurs, qui justifieront le volume des transactions par l’évolution du marché. “Un lecteur curieux et suspicieux (des alertes, ndlr) aurait probablement vu que les informations, apparemment contradictoires, fournies par Eurex, méritaient une enquête complémentaire”, a-t-on admis mardi à la Société Générale. Mais, pour avoir connaissance de la réalité des agissements de Kerviel, “il ne suffisait pas de répondre aux questions d’Eurex, ce que la Société Générale a fait, mais il fallait mener une enquête approfondie”, a-t-on ajouté de même source, tout en contestant l’objectivité d’Eurex dans cette affaire. |
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