Etats-Unis : les autorités inquiètes des pressions de Continental sur ses pilotes

 
 

[22/04/2008 21:48:04] WASHINGTON (AFP) La compagnie aérienne Continental a fait pression sur ses pilotes pour économiser du carburant sur des vols transatlantiques, ce qui aurait contribué à une forte augmentation des demandes d’atterrissage d’urgence en 2007, selon un rapport des autorités américaines.

Un nombre plus important d’avions de ligne, surtout de Continental, ont fait une demande d’atterrissage d’urgence à l’approche de l’aéroport de Newark (New Jersey) près de New York, sur la côte est des Etats-Unis, en raison de niveaux de carburant proches du minimum requis, a conclu une enquête du ministère des Transports requise par le sénateur du New Jersey Frank Lautenberg.

La majorité des déclarations de niveaux de carburant minimum et d’urgence, soit 66%, se sont produites sur des routes transatlantiques, et Continental était concernée dans 64% des cas, soit 96 cas sur 151.

Par comparaison, 72 cas de cette nature avaient été enregistrés en 2006 et 44 en 2005.

“Nous avons trouvé que le nombre de déclarations faites par les pilotes aux contrôleurs aériens de niveaux de carburant minimum ou requérant un atterrissage d’urgence avait augmenté à l’aéroport de Newark”, écrit l’inspecteur général du ministère des Transports.

Cette tendance n’a pas été observée dans les autres aéroports new-yorkais voisins.

“Mais nous n’avons constaté aucun cas d’appareil ayant atterri avec des niveaux de kérosène inférieurs au minimum requis par les autorités de l’aviation civile américaine (FAA)” à savoir une marge de 45 minutes de vol, précisent les enquêteurs.

Ils ont estimé que les vingt avions de Continental étudiés dans ce rapport, avaient en fait atterri avec assez de carburant pour rester en l’air 64 minutes en moyenne.

Toutefois, ce document publié récemment sur le site internet du ministère, montre l’inquiétude des autorités, en raison des pressions exercées par Continental sur ses pilotes pour réduire la fréquence des escales.

Les pilotes justifiaient ces escales par une plus grande consommation de carburant due à des vents très souvent contraires en venant d’Europe.

Le transporteur expliquait que le fait de refaire des pleins, selon lui pas toujours nécessaires, “finissait par réduire la part des bénéfices distribués (aux salariés), voire le financement de leur caisse de retraite”.

“Nous craignons que des bulletins de cette nature puissent avoir fait pression sur les pilotes afin d’éviter une escale destinée à reprendre du carburant quand cela est nécessaire”, souligne le document du ministère.

Ces vols provenaient surtout d’Europe sur des Boeing 757, un biréacteur de 175 places qui n’était pas prévu initialement pour des services transatlantiques.

Les contrôleurs aériens et le syndicat des pilotes de Continental ont aussi exprimé leurs inquiétudes quant à l’utilisation de cet appareil pour ces traversées de l’Atlantique.

Selon eux, la capacité limitée des réservoirs de ces avions à destination des aéroports congestionnés de la côte est américaine après un vol transatlantique peut expliquer la fréquence élevée des demandes d’atterrissage d’urgence en raison d’un niveau insuffisant de carburant.

Ils citent le cas du vol de Continental Barcelone/Newark pour lequel les pilotes ont fait une demande d’atterrissage d’urgence pour niveau minimum de carburant à 23 reprises en 2007, un nombre record.

Dave Messing, porte-parole de Continental, a indiqué à l’AFP que “ni le ministère des Transports, ni personne d’autre ne dit que Continental a contrevenu aux réglementations en vigueur”.

“La sécurité est notre plus haute priorité” et comme l’indique le rapport du ministère des Transports, “la sécurité n’a jamais été compromise dans les cas analysés”, a-t-il ajouté.

 22/04/2008 21:48:04 – © 2008 AFP