Les ports français fortement perturbés par la grève contre la réforme

 
 
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Des dockers et des grutiers du port autonome de Nantes-Saint-Nazaire bloquent l’accès au terminal bois du port de Nantes, le 23 avril 2008. (Photo : Franck Perry)

[23/04/2008 17:57:03] PARIS (AFP) L’appel à la grève de la CGT contre le projet de réforme des ports, adoptée mercredi en Conseil des ministres, a provoqué de fortes perturbations, en particulier dans le port de Marseille où grutiers et portiqueurs voient dans leur passage au privé “un gros cadeau” au patronat.

Le port autonome de Marseille (Pam), à l’exception du trafic passager, a été paralysé et de grosses perturbations touchaient aussi Dunkerque, le Havre, Nantes/St-Nazaire et Bordeaux, selon les syndicats et les directions des ports.

Daniel Lefebvre, secrétaire général de la Fédération nationale des ports et docks CGT, s’est “félicité” de l’ampleur du mouvement, le jugeant toutefois “sans surprise, car on sait ce que pensent et veulent les travailleurs portuaires”.

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Manifestation d’agents portuaires et de dockers le 23 avril 2008 à Marseille (Photo : Michel Gangné)

La CGT, ultra majoritaire dans le secteur, n’exclut pas une nouvelle grève de cet ordre en fonction notamment de la volonté ou non du gouvernement d'”ajuster ou d’infléchir son projet de loi”.

Le syndicat proteste contre cette réforme qui prévoit entre autres de privatiser la manutention en faisant passer notamment les grutiers et portiqueurs dans le secteur privé, à l’instar de leurs collègues dockers en 1992.

“Ce plan n’a pas vocation à faire de la régression sociale, il n’a aucune ambition idéologique, il vise à relancer nos ports et à y créer à terme 30.000 emplois”, a assuré le secrétaire d’Etat chargé des Transports Dominique Bussereau.

La position concurrentielle des ports français s’est fortement dégradée depuis 20 ans.

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Carte des ports autonomes (Photo : Er)

Elle est régulièrement imputée par les responsables patronaux au fait que les personnels de manutention des sept grands ports autonomes français dépendent d’un employeur public (même s’ils sont sous contrat de droit privé) et à l’hégémonie syndicale d’une CGT très combative.

A Marseille, jusqu’à un millier de grutiers, portiqueurs et dockers en tenue de travail se sont rassemblés dès 5H30 devant le siège de l’armateur CMA CGM qu’ils ont accusé de bénéficier d’un “gros cadeau de l’Etat” avec ce transfert au privé.

“Le port augmente son bénéfice et son tonnage chaque année. On ne voit pas pourquoi il perdrait ses prérogatives de bord à quai avec l’outillage et le personnel qui vont avec”, a déclaré Denis, un grutier affichant 28 ans de maison.

La loi, qui doit être débattue au Parlement à partir de mi-mai, donne aux syndicats et au patronat jusqu’au 31 octobre pour aboutir à un “accord cadre” sur l’intégration des personnels dans le secteur privé et les mesures d’accompagnement social. Il s’agit de “poursuivre la réforme engagée en 1992” avec les dockers, a souligné M. Bussereau.

Au Havre, la grève a entraîné l’arrêt de la manutention sur tous les terminaux à conteneurs qui constituent la principale activité du port. En revanche, les liaisons par car-ferry avec la Grande-Bretagne et la manutention des produits pétroliers ont été assurées.

Dès 08H00, 700 à 800 agents du port autonome ont manifesté dans les rues de la ville précédés par une voiture portant un cercueil symbolisant l’enterrement de la réforme.

A Dunkerque, l’activité était totalement bloquée mercredi sur le port Est.

A Rouen et à Nantes, le trafic a été également perturbé.

A Bordeaux, il n’y avait “pas d’activité de manutention” sur le port, selon la direction. A La Rochelle, les grévistes ont fermé “deux des trois portes d’accès au port de commerce” et mis en place un barrage filtrant “très souple”, a expliqué Jean Canonge (CGT).

 23/04/2008 17:57:03 – © 2008 AFP