France : la consommation des ménages vacille sous le coup de l’inflation

 
 
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Etalage de chaussures dans un grand magasin à Paris (Photo : Jacques Demarthon)

[23/04/2008 16:00:57] PARIS (AFP) Après un rebond en février, la consommation des ménages français a de nouveau décroché en mars, reculant de 1,7% sous le coup de l’inflation, “première alerte sérieuse” pour la croissance depuis le début de l’année, aux yeux des économistes.

Selon les chiffres publiés mercredi par l’Insee, la consommation en produits manufacturés, qui ne représente qu’un quart de la consommation totale mais constitue un bon indicateur de la tendance globale, a subi sa deuxième plus mauvaise performance en plus de quatre ans.

“C’est la première alerte sérieuse sur la conjoncture française depuis le début de l’année”, en conclut Nicolas Bouzou, chez Asterès.

Le recul est d’autant plus inquiétant qu’il affecte quasiment tous les types de biens. La forte baisse des dépenses de consommation en textile-cuir (-7,9% après +1,4 % en février), contribue à elle seule pour -1,6 point à la baisse des dépenses en produits manufacturés, relève l’Insee.

“Les ménages, contraints par le poids croissant des dépenses énergétiques et alimentaires, diminuent les volumes consommés sur d’autres postes, dont font typiquement partie les vêtements”, explique Nicolas Bouzou.

Plus globalement, “l’accélération des prix et le ralentissement du pouvoir d’achat qu’elle provoque, commence à faire sentir ses effets sur la consommation”, souligne Mathieu Kaiser, chez BNP Paribas.

Les dépenses de consommation en biens durables se sont en effet repliés en mars (-1,1% après +3,3% en février), à l’image des achats des ménages en automobiles (-1,5% après +7,6%).

Par ailleurs, les dépenses en biens d’équipement du logement (électronique grand public, électroménager, meubles) continuent à diminuer, de 0,7%, après -0,2% le mois précédent. En revanche, les “autres produits manufacturés” augmentent de 0,5%, après -0,3% en février.

Dans le contexte actuel de hausse des prix, “les Français ajustent leurs comportements: ils font remonter leur taux d’épargne de précaution et se désendettent”, note Nicolas Bouzou.

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Chaîne de montage dans une usine Renault (Photo : Jack Guez)

“La flambée des cours alimentaires commence vraiment à peser sur la façon de consommer des Français et c’est cela qui est inquiétant”, relève Mathilde Lemoine, économiste chez HSBC.

Pour Jean-Christophe Caffet, de Natixis, “la baisse des dépenses en biens durables comme l’automobile ou l’équipement du logement est le reflet du renchérissement des conditions de crédit et du tassement du marché immobilier”.

Sur l’ensemble du premier trimestre de 2008, les dépenses de consommation des ménages ont tout de même augmenté de 0,6%, rebondissant après une baisse de 0,1% au quatrième trimestre de 2007.

Si cette reprise est plutôt un “bon signe”, pour M. Caffet, “tant que les prix continuent d’augmenter, il faut s’attendre à ce que la consommation tourne au ralenti”.

L’inflation a atteint un pic à 3,2% sur un an en mars et les prix du pétrole évoluent actuellement à des niveaux records, proches de 120 dollars le baril.

“Dans ces conditions, inutile d’espérer une hausse du PIB supérieure à 1,5% cette année sachant que les dépenses des Français représentent depuis le début de la décennie entre 60% et 100% de la croissance hexagonale”, écrit Alexander Law, chez Xerfi.

Selon les dernières prévisions du gouvernement, en 2008 et 2009, “la consommation des ménages resterait un pilier important de la croissance” qui serait cette année comprise entre 1,7% et 2%.

Mais “si la consommation des ménages est durablement amputée, elle pourrait peser sur la croissance”, prévient Mathilde Lemoine.

 23/04/2008 16:00:57 – © 2008 AFP