Entreprises : Avons-nous besoin de capital-investissement ?!


Par Maryam OMAR

La question se pose alors
que la Tunisie accueille le 2ème forum EuroMed du capital
investissement qui se tiendra à Tunis les 24 et 25 avril. Et la réponse est
évidente, à notre sens : Oui, mais… ! Oui, sans doute ! Mais il faut être
conscient qu’il s’agit d’un placement pour les spécialistes ; c’est-à-dire
les fonds de pensions, assureurs et autres personnes averties.

 

Il faut d’abord savoir
que le capital-investissement est une activité financière consistant pour un
investisseur à entrer au capital de sociétés qui ont besoin de capitaux
propres. Il concerne généralement l’investissement dans des sociétés non
cotées en Bourse (l’équivalent des Private Equities aux USA) et peut se
présenter sous quatre formes principales : le capital-risque pour financer
le démarrage de nouvelles entreprises, le capital-développement pour
financer le développement de l’entreprise, le capital-transmission ou LBO
destiné à accompagner la transmission ou la cession de l’entreprise et le
capital-retournement pour aider au redressement d’une entreprise en
difficulté.

 

Mais (encore un ‘’mais’’
!) attention !!

 

Car le
capital-investissement a essuyé les différentes crises économiques et
particulièrement l’éclatement de la bulle internet, grâce à une rentabilité
avérée sur le long terme. Les principaux organismes de
capital-investissement ont investi en 2006 aux États-Unis la somme estimée
de 290 milliards d’euros dans des rachats d’entreprises. Cette somme était
déjà de 220 milliards au premier semestre de l’année 2007, provocant la
prise de contrôle de huit mille sociétés en six mois. Un salarié américain
sur quatre – et un salarié français sur douze – travaillerait d’ores et déjà
pour ces entreprises.

 

La hausse récente des
taux d’intérêt a entraîné des doutes sur la capacité de ces institutions,
largement financées jusqu’ici par des crédits et obligations à taux bas, non
seulement à continuer d’afficher d’importantes plus values, mais encore à
résister à des changements de conjoncture. Le demi-succès de l’introduction
en Bourse de Blackstone en juin 2007 (le plus important groupe mondial de
capital-investissement) a donné un certain corps à ces inquiétudes.

 

Par ailleurs, le
resserrement des conditions de l’emprunt sur les marchés financiers (ou
crédit squeeze) à la suite de la crise des ‘’Sub-primes’’ en 2007 a entraîné
des difficultés pour de nombreux fonds à lever les capitaux nécessaires.

 

Alors, est-ce un bon
placement ? Oui, mais c’est un placement pour les fonds de pensions,
assureurs et autres personnes averties. Le porteur doit être bien conscient
des perspectives de gain mais aussi du risque.

 

Risque au niveau des
performances financières où les plus-values réalisées peuvent être
artificielles quand les fonds de capital-investissement se revendent des
participations de gré à gré entre eux plutôt qu’en (ré)introduisant les
actions sur des Bourses où se confrontent une large offre et demande. Et la
multiplication de telles opérations en circuit fermé pourrait de plus
réduire la liquidité de ces marchés boursiers.

 

Et risque au niveau des
possibilités de revente de parts. Le porteur de parts doit parfois attendre
que le fonds ait réussi des cessions de participation (ou trouvé de nouveaux
porteurs) pour retrouver son argent. De plus, certains fonds tendent à
s’endetter fortement pour créer un effet de levier financier qui peut
également poser des ‘’problèmes de sortie’’.