[24/04/2008 15:03:49] BRUXELLES (AFP) Moral des industriels en berne, consommation des ménages vacillante: la crise financière et l’inflation galopante commencent à faire sentir plus durement leurs effets sur la croissance en Europe, qui doit en plus composer avec l’euro fort. La confiance des entrepreneurs chute dans plusieurs pays de la zone euro. En Allemagne, le baromètre Ifo de confiance des chefs d’entreprise, publié jeudi, a connu une baisse surprise en avril, à 102,4 points, contre 104,8 points en mars. En France, l’indicateur qui mesure le moral des industriels a cédé deux points à 106 points par rapport au mois précédent. En Belgique également, l’indicateur de confiance des entrepreneurs a plongé à son plus bas niveau depuis août 2005, après trois mois consécutifs d’amélioration. Il a également fortement reculé aux Pays-Bas. Quant au PMI, un indicateur très suivi qui synthétise l’activité et la confiance des entreprises dans la zone euro, il a fortement reculé dans le secteur manufacturier, selon une première estimation publiée mercredi. “Il y a une correction du climat des affaires, qui ne surprend pas. C’est un rattrapage, alors qu’on ne s’expliquait pas pourquoi ces indicateurs se maintenaient jusqu’ici aussi bien”, compte tenu de l’environnement économique mondial détérioré, souligne Sylvain Broyer, économiste chez Natixis. “Dans les services -qui représentent près des trois quarts de l’économie de la zone euro, 40% pour les seuls services marchands–, on est arrivé à un seuil de stagnation”, souligne l’économiste, tandis que dans l’industrie, “ça ralentit un peu partout, même si les carnets de commande sont encore bien remplis et que la demande étrangère se tient bien”. En cause: le ralentissement économique américain et les effets de la crise financière sur l’économie, tandis que l’appréciation continue de l’euro, qui a dépassé pour la première fois le seuil de 1,60 dollar mardi, frappe certaines industries, comme l’aéronautique, l’automobile ou la mode. L’association européenne d’aéronautique et de défense (ASD) a tiré la sonnette d’alarme cette semaine face à la faiblesse du dollar, évoquant une “situation désespérée” risquant de conduire à plusieurs milliers de suppressions d’emplois en Europe, via des délocalisations. Le ministre allemand de l’Economie Michael Glos a quant à lui estimé jeudi que la monnaie unique avait atteint “un niveau sur lequel on ne peut plus fermer les yeux”. Parallèlement, la confiance des ménages a elle aussi reculé en Belgique ou aux Pays-Bas, tandis que la consommation a reculé en France, sous l’effet d’une inflation record qui a atteint 3,6% en mars en zone euro. En France, après un rebond en février, la consommation des ménages a de nouveau décroché en mars, reculant de 1,7%, selon des chiffres publiés mercredi. En février déjà, dans l’ensemble de la zone euro, les ventes en volume du commerce de détail ont diminué de 0,5%. Pour Sylvain Broyer, cette baisse de la consommation “est un effet direct de la hausse des prix alimentaires”, les perspectives de remontée du taux de chômage pesant aussi sur la confiance des consommateurs. Il est clair à présent “que la confiance économique s’est nettement affaiblie” en Europe, renchérit Sunil Kapadia, économiste de la banque UBS. Et “le ralentissement va devenir plus clair d’ici l’été”, ce qui devrait conduire la BCE à baisser ses taux d’intérêt en septembre. Jusqu’ici l’institut de Francfort se refuse à envisager une telle hypothèse, en arguant d’une inflation trop élevée. |
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