[24/04/2008 13:20:14] LUXEMBOURG (AFP) Les opérateurs satellites qui émettent sur l’Europe, Astra et Eutelsat, sont de plus en plus offensifs pour proposer une offre internet haut débit aux particuliers situés dans des zones reculées, une solution immédiatement disponible pour combler la fracture numérique. Avec sa plateforme Astra2Connect, l’opérateur luxembourgeois Astra vise le grand public qui ne peut profiter de l’ADSL (internet haut débit par téléphone) en raison de son éloignement des installations ou faute d’infrastructures performantes. Astra n’est pas le seul à faire une telle offre. Son concurrent européen, Eutelsat, est également sur ce marché depuis le début de l’année avec sa plateforme Tooway. Les deux opérateurs disposent d’une flotte de satellites qui visent les pays européens dont 5 à 10% des foyers, notamment dans les pays de l’Est, sont selon leurs estimations totalement exclus du haut débit. “Nos offres ne visent pas à concurrencer celles déjà présentes dans les centres urbains mais à les compléter, là où elles ne sont pas disponibles”, assure Peter Schüler, responsable du projet chez Astra. Il affirme pouvoir déjà compter sur quelque 200.000 commandes d’équipements pour les 3 à 5 ans à venir. Les deux concurrents misent sur le marché grand public au vu du succès que remportent les opérateurs américains Hugues Network Systems et WildBlue Communications, qui comptaient à fin décembre 700.000 abonnés aux Etats-Unis. Eutelsat et Astra ne vendent pas directement au grand public, mais via des distributeurs. Des accords ont été conclus dans plusieurs pays européens: en Allemagne, Astra a signé avec Deutsche Telecom tandis qu’en Suisse, Eutelsat est en partenariat avec Swisscom. En France, seuls de petits distributeurs proposent ces plateformes, comme Vivéole pour Astra et Sat2way pour Eutelsat. En pratique, l’équipement se compose principalement d’une antenne satellite et d’un modem qu’un bon bricoleur est censé installer lui-même. En Allemagne, 70 à 80% des abonnés l’ont fait, assure M. Schüler. La technologie est celle dite “bidirectionnelle”, c’est-à-dire que la réception mais aussi l’envoi des données se font via le satellite. Auparavant, compte tenu de leurs prix élevés, seules les entreprises pouvaient disposer de ce type de plateformes. Les particuliers devaient se contenter des offres “monodirectionnelles” qui nécessitaient un accès internet par le téléphone pour émettre les données. D’où le peu de succès de ces services. Les débits restent moins importants que pour l’ADSL par téléphone en plein centre-ville: de 256 kilobits à 1 megabit (20 à 40 euros) pour Astra et de 3 à 11 megabits (50 à 100 euros) pour Eutelsat pour la réception, et de 64 kilobits à 384 kilobits pour l’envooi de données. Le prix de l’équipement (antenne, modem, etc) s’élève de 350 à 500 euros. Les opérateurs réfléchissent déjà à la deuxième génération de l’internet par satellite qui utilisera une nouvelle bande de fréquences (ka) et permettra des débits plus puissants. Eutelsat, qui expérimente déjà cette technologie, va lancer à la mi-2010 un satellite qui lui sera entièrement dédié à cette bande ka, rappelle Jean-François Frémaux, directeur du département multimédia chez Eutelsat. Astra travaille lui aussi à cette solution mais l’opérateur se veut prudent: “nous ne voulons pas lancer un satellite utilisant la bande ka si nous n’avons pas la certitude qu’il y a bien un marché”, dit M. Schüler. |
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