La crise du crédit fait flancher la croissance au Royaume-Uni

 
 
photo_1209132043810-1-1.jpg
A Londres, le 9 octobre 2007 (Photo : Shaun Curry)

[25/04/2008 14:09:07] LONDRES (AFP) Touchée de plein fouet par la crise du crédit et l’essoufflement de l’immobilier, la croissance britannique est tombée au premier trimestre au plus bas niveau depuis trois ans, alimentant des craintes de récession à quelques jours d’élections locales cruciales pour Gordon Brown.

Le produit intérieur brut (PIB) n’a progressé que de 0,4% sur les trois premiers mois de l’année, contre 0,6% au trimestre précédent, ralentissant ainsi à son pire rythme depuis le premier trimestre 2005, a annoncé vendredi l’Office des statistiques nationales.

La croissance est tombée au passage, toujours pour la première fois en trois ans, en dessous de son potentiel qui est évalué par les économistes entre 0,6 et 0,7%.

En glissement annuel, la croissance est tombée à 2,4%, loin des 2,8% enregistrés fin 2007.

Sur l’ensemble de l’année en cours, les choses devraient encore se gâter, et la croissance pourrait être inférieure de moitié à celle de l’an dernier, ressortie à 3%, selon certains experts.

La faute à la crise du crédit, qui pèse sur l’activité du secteur bancaire et financier, très puissant dans un Royaume-Uni où les services réalisent près des trois quarts du PIB, et à un début de retournement du marché immobilier, dont les prix ont essuyé en mars leur plus fort repli depuis plus de 15 ans.

photo_1209132261739-1-1.jpg
Gordon Brown le 23 avril 2008 à Downing Street (Photo : Shaun Curry)

Dans ce contexte, le Chancelier (ministre des Finances) Alistair Darling a déjà été forcé le mois dernier de ramener sa prévision de croissance pour 2008 entre 1,75 et 2,25%, contre 2 à 2,5% auparavant.

Mais cette fourchette semble encore trop optimiste aux yeux du Fonds monétaire international, qui table sur un maigre 1,4%, et de la plupart des économistes de la City. Le fléchissement du premier trimestre a donné du grain à moudre à ces Cassandre, malgré l’annonce lundi par la Banque d’Angleterre d’un plan de choc pour soutenir les banques.

“Nous pensons que cela va marquer le début d’un ralentissement profond et prolongé, qui verra les déséquilibres qui se sont creusés ces dix dernières années éclater”, au premier rang desquels “la surévaluation du marché immobilier et le surendettement des ménages”, souligne Jonathan Loynes, chef économiste pour l’Europe de Capital Economics.

Il dit prévoir une croissance autour de 1,7% cette année, et de 1% seulement l’année prochaine, avec une chance sur trois que l’économie du Royaume traverse une récession (définie comme deux trimestres consécutifs de baisse du PIB) d’ici la fin de l’année prochaine.

Une analyse partagée par Michael Hume, de la banque Lehman Brothers, qui dit tabler sur une croissance entre 0,2 et 0,3% sur les trois prochains trimestres, et qui évalue à 35% le risque d’une récesssion d’ici la fin 2009.

photo_1209132404213-1-1.jpg
Devant une succursale de la banque Northern Rock, le 18 février 2008 à Londres (Photo : Shaun Curry)

Ces perspectives économiques moroses, qui ne font que renforcer un climat de sinistrose déjà fortement répandu dans l’opinion depuis l’éclatement de la crise financière l’été dernier et la chute en septembre de la banque Northern Rock, sont de mauvais augure pour le gouvernement travailliste de Gordon Brown.

Selon un sondage paru jeudi dans le Daily Telegraph, la popularité des conservateurs au sein de l’électorat est au plus haut depuis 21 ans, à 44% contre 26% au Labour, qui s’est déchiré ces derniers jours autour d’une mesure fiscale décidée l’an dernier par M. Brown lorsqu’il était encore Chancelier.

Les élections locales prévues jeudi prochain risquent donc de se traduire par la perte de nombreuses collectivités au profit de l’opposition conservatrice, dont la très emblématique capitale Londres, dirigée depuis huit ans par Ken Livingstone.

 25/04/2008 14:09:07 – © 2008 AFP