[28/04/2008 18:35:28] PARIS (AFP) Les syndicats, reçus lundi par le ministre du Travail sur le dossier des retraites, ont manifesté leur mécontentement devant la volonté inflexible du gouvernement d’allonger la durée de cotisation à 41 ans et leur scepticisme concernant les mesures pour l’emploi des seniors. Le gouvernement a confirmé, dans un document transmis dimanche soir aux partenaires sociaux par le ministre Xavier Bertrand, son intention d’augmenter progressivement à 41 ans d’ici 2012 la durée de cotisation pour une retraite à taux plein. Il envisage aussi d’infliger à compter de 2010, année où sera dressé “un point d’étape”, une cotisation supplémentaire aux entreprises n’ayant pas conclu d’accord sur l’emploi des seniors avec les syndicats. Le plan ne mentionne en revanche pas la prise en compte de la pénibilité du travail. Les retraites bénéficieront d’une hausse au 1er septembre, d’un montant non encore fixé, et la pension de réversion pour les veufs et veuves, actuellement de 54% de la retraite du conjoint disparu, augmentera jusqu’à 60% début 2011. Bernard Thibault (CGT) a déclaré qu’il n’y avait “aucun point positif du point de vue des salariés” dans le projet du gouvernement. “C’est gravissime”, a-t-il ajouté. M. Thibault a appelé à des “mobilisations d’ampleur, à commencer par le 1er mai.” Les dirigeants syndicaux doivent se réunir mardi soir pour “envisager une autre mobilisation qui prolonge le 1er mai avant la fin du mois”, a-t-il indiqué. Pour François Chérèque (CFDT), le projet ne comprend que “quelques petites mesures qui ne sont pas au niveau de l’enjeu”, malgré “une bonne nouvelle: le maintien des carrières longues” c’est à dire le dispositif permettant à des salariés ayant commencé à travailler très jeunes de partir avant 60 ans. “La copie est à revoir au minimum sur la date du déclenchement des 41 ans de cotisation et largement à compléter sur tous les autres points”, a-t-il résumé.
Jean-Claude Mailly (FO) a appelé à manifester le 15 mai, date d’une mobilisation des lycéens et fonctionnaires, idée refusée par M. Chérèque qui “ne veut pas utiliser les lycéens” mais n’a pas exclu une mobilisation un autre jour. Sur le fond, M. Mailly a estimé qu’allonger la durée de cotisation “conduisait à travailler plus pour gagner la même chose”. Pour FO, “il y avait d’autres pistes de financement possibles” comme une taxation de “l’intéressement, la participation, les stocks-options (…) ou une augmentation de l’impôt sur les bénéfices pour les dividendes distribués aux actionnaires” mais “aucune n’est retenue”. Un regret partagé par Jacques Voisin (CFTC), selon qui le gouvernement n’a “pas fait le tour” des solutions, et qui s’est dit favorable à une action unitaire, comme le propose FO. Bernard Van Craeynest (CFE-CGC), sans appeler à la mobilisation, a jugé “qu’augmenter de manière arbitraire la durée de cotisation à 41 ans ne ciblait les efforts que sur les salariés”, sans donner de “garanties” sur l’emploi des seniors.
Seulement 38,1% des 55-64 ans travaillaient en France en 2006, contre 43,5% dans l’ensemble de l’Union européenne. Le patronat, selon Jean-René Buisson (Medef), fera “ce qu’il faut pour inciter nos entreprises à ne pas faire partir trop tôt les gens à la retraite”. Le Medef a salué le passage à 41 ans, qui constituait “un minimum”. La CGPME a jugé le texte “globalement bien équilibré” et l’UPA (artisanat) a indiqué ne pas avoir “de désaccord particulier” avec le projet. |
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